Julien VICTOR, Directeur Associé d’EFFISOFT, s’intéresse aux besoins spécifiques en matière de systèmes d’information des gestionnaires de run-off d’assurance et de réassurance.
Il explique pourquoi « souplesse et agilité » constituent les principales caractéristiques de la solution idéale qui, selon lui, se traduit bien souvent par la connexion de logiciels spécialisés sur un datawarehouse développé en interne.
Le run-off de réassurance constitue une problématique très importante, notamment pour les branches à déroulement long (RC, décennale…).
De plus, les réassureurs sont par nature plus exposés aux sinistres d’ampleur exceptionnelle. Par conséquent, il leur est difficile de conserver un niveau de rentabilité acceptable lorsque les catastrophes s’enchaînent. A titre d’exemple, les sinistralités exceptionnelles des exercices 1999 et 2001 ont contribué à la mise en run-off des portefeuilles de Glacier Re et AXA Re.
Le sujet est d’actualité car avec la crise financière, les sociétés cherchent de plus en plus à se désengager des secteurs non profitables ou qui ne présentent pas les niveaux de croissance voulus.
De même, la mise en place progressive de la Directive Solvabilité II va encore accentuer l’externalisation de la gestion de passifs : les sociétés d’assurances vont connaître des besoins de capitaux accrus et les transferts de portefeuilles risquent de se multiplier, surtout si les run-offssont intégrés au calcul de provisions.
L’enjeu est donc de taille et les gestionnaires doivent s’équiper en conséquence pour faire face aux différentes problématiques informatiques liées aux run-offs. Parmi elles, citons :
Le gestionnaire de run-off a donc besoin d’une plateforme unique. Une solution consisterait à se doter d’un système d’information modulable et façonnable permettant de limiter les coûts de gestion d’un portefeuille en run-off.
Cette plateforme dédiée aux opérations de run-off nécessite un haut degré d’expertise. Elle doit apporter de la clarté etêtre capable de gérer des arrangements complexes.
Parmi les fonctionnalités attendues, on retiendra :
Mais si la gestion des sinistres constitue un impératif, d’autres modules sont à prévoir, notamment pour la gestion documentaire, la comptabilité, la gestion des contrats, la gestion des commutations, des rétrocessions…
Toutes ces caractéristiques sont bien évidemment très difficiles à retrouver au sein d’un même outil c’est pourquoi la recherche d’un système d’information unique s’apparente à une véritable quête.
Ce qui importe, c’est la souplesse du système final et ses capacités d’évolution. Il peut dès lors se révéler plus intéressant pour le gestionnaire de privilégier la mise en place d’une plateforme métier intelligente sur laquelle pourront se connecter différents outils spécialisés (gestion documentaire, comptabilité générale, gestion financière, gestion des sinistres…). La gestion des commutations est d’expérience bien trop spécifique pour pouvoir se retrouver en standard dans un logiciel du marché. Un développement en interne des fonctionnalités attendues est donc recommandé.
Mais au-delà d’un SI performant, le gestionnaire de run-off cherche aussi à retrouver des méthodes agiles ; il doit fonctionner en mode projet et faire appel à des collaborateursdisposant d’une double compétence, à la fois métier (réassurance) et informatique.
Pour conclure, force est de constater qu’un système d’information structuré, qu’il soit développé en interne ou par un éditeur spécialisé, permet,s’il répond bien à toutes les caractéristiques précédemment décrites, de passer de la « poussière à la lumière ».
Par poussière, j’entends les vieux contrats en fin de vie, difficiles à suivre et au final peu rentables pour l’assureur qui décide de s’en débarrasser.
Par lumière, je veux symboliser une gestion simplifiée, la mise en valeur d’informations pertinentes et stratégiques qui redonne la possibilité au gestionnaire de gagner de l’argent sur ces contrats.