Dans la population générale de l’essai, Libtayo a réduit le risque de décès de 32 %, comparativement à la chimiothérapie.
Une analyse préspécifiée des données des patients dont 50 % ou plus des cellules tumorales exprimaient la protéine PD-L1 a montré que Libtayo a réduit le risque de décès de 43 %.
Les données positives d’un essai pivot consacré à l’inhibiteur de PD-1 expérimental Libtayo® (cemiplimab) dans le traitement de première ligne du cancer du poumon non à petites cellules (CPNPC) localement avancé ou métastatique ont été présentées aujourd’hui au Congrès virtuel 2020 de la Société européenne d’oncologie médicale (ESMO, European Society for Medical Oncology).
Cet essai a comparé une monothérapie par Libtayo à un doublet de chimiothérapie à base de platine chez des patients dont 50 % ou plus des cellules tumorales exprimaient la protéine PD-L1. Ces résultats formeront la base des soumissions qui seront présentées aux autorités réglementaires, en particulier celles des États-Unis et de l’Union européenne.
« Les résultats des nouvelles analyses présentés au congrès de l’ESMO montrent que Libtayo a réduit de 43 % le risque de décès des patients chez lesquels avait été confirmé un taux d’expression de la protéine PD-L1 supérieur ou égal à 50 %. Cela est d’autant plus remarquable que près des trois-quarts des patients ont été permutés vers un traitement par Libtayo après progression de leur maladie sous chimiothérapie et que 12 % d’entre eux présentaient des métastases cérébrales prétraitées ou stabilisées », a précisé le docteur Ahmet Sezer, professeur associé au Département d’oncologie médicale de l’Université Baþkent à Adana, en Turquie, et investigateur de l’essai. « Ces résultats confirment l’intérêt de Libtayo comme nouvelle option anti-PD-1 potentielle, en monothérapie, dans le traitement de première ligne du cancer du poumon non à petites cellules au stade avancé. »
La communication présentée au congrès de l’ESMO approfondit les premiers résultats communiqués en avril dernier. Dans la population générale de l’essai (n=710), la durée médiane du suivi s’est établie à 13 mois pour les groupes Libtayo (n=356 ; intervalle : <1-32 mois) et chimiothérapie (n=354 ; intervalle : <1-32 mois). Parmi ces patients, Libtayo a permis d’obtenir les résultats suivants, comparativement à la chimiothérapie :
Une réduction de 32 % du risque de décès (hazard ratio [HR]=0,68 ; intervalle de confiance [IC] de 95 % : 0,53-0,87 ; p=0,0022).
Une survie globale médiane de 22 mois (IC de 95 % : 18 mois-durée non encore évaluable), comparativement à 14 mois (IC de 95 % : 12-19 mois).
Une réduction de 41 % du risque de progression (HR=0,59 ; IC de 95 % : 0,49-0,72 ; p<0,0001). La survie médiane sans progression s’est établie à 6,2 mois (IC de 95 % : 4,5-8,3 mois), comparativement à 5,6 mois (IC de 95 % : 4,5-6,1 mois).
Un taux de réponse objectif de 37 % (IC de 95 % : 32 %-42 % ; taux de réponse complète [RC] 3 % et taux de réponse partielle [RP] 33 %) comparativement à 21 % (IC de 95 % : 17 %-25 % ; taux de RC 1 %, taux de RP 20 %).
Une analyse préspécifiée des données des patients chez lesquels avait été confirmé un taux d’expression de la protéine PD-L1 supérieur ou égal à 50 % (n=563) a également été réalisée. Dans ce groupe, la durée médiane du suivi s’est établie à 11 mois à la fois pour les patients sous Libtayo (n=283 ; intervalle : <1-32 mois) et ceux sous chimiothérapie (n=280 ; intervalle : <1-30 mois). Libtayo a permis d’obtenir les résultats suivants, comparativement à la chimiothérapie :
Une réduction de 43 % du risque de décès (HR=0,57 ; IC de 95 % : 0,42-0,77 ; p=0,0002).
Une survie globale médiane non encore évaluable, car non atteinte (IC de 95 % : 18 mois-durée non encore évaluable), comparativement à 14 mois (IC de 95 % : 11-18 mois).
Une réduction de 46 % du risque de progression (HR=0,54 ; IC de 95 % : 0,43-0,68 ; p<0,0001). La survie médiane sans progression s’est établie à 8 mois (IC de 95 % : 6-9 mois), comparativement à 6 mois (IC de 95 % : 5-6 mois).
Un taux de réponse objectif de 39 % (IC de 95 % : 34 %-45 % ; taux de réponse complète [RC] 2 % et taux de réponse partielle [RP] 37 %), comparativement à un taux de réponse objectif de 20 % (IC de 95 % : 16 %-26 % ; taux de RC 1 %, taux de RP 19%).
L’essai a également permis d’établir une corrélation directe entre la réponse de la tumeur et le taux d’expression des protéines PD-L1 chez les patients traités par Libtayo. Le taux de réponse objectif a été plus élevé (46 % ; intervalle : 36 %-56 %) dans les tumeurs dont le pourcentage de cellules exprimant PD-L1 était supérieur ou égal à 90 %, le volume des tumeurs cibles ayant diminué de plus de 40 % après 6 mois de traitement en moyenne (méthode de la dernière observation reportée). Cette corrélation avec le taux d’expression de PD-L1 n’a pas été observée chez les patients traités par chimiothérapie.
Dans la population générale de l’essai, la durée médiane d’exposition à Libtayo s’est établie à 27 semaines (intervalle : <1-115 semaines), contre 18 semaine pour la chimiothérapie (intervalle : <1-87 semaines). Globalement, des événements indésirables ont été rapportés chez 88 % des patients traités par Libtayo et 94 % des patients traités par chimiothérapie. Des événements indésirables de grade 3 ou plus ont été observé chez 37 % des patients traités par Libtayo et 49 % des patients traités par chimiothérapie. Des événements indésirables d’origine immunologique ont été rapportés chez 17 % des patients traités par Libtayo, en particulier les suivants : hypothyroïdie (6 %), hyperthyroïdie (4 %), pneumopathie (2 %), hépatite (2 %), effets indésirables cutanés (2 %), arthrite, élévation du taux de thyréostimuline (TSH) dans le sang, thyroïdite, colite, néphrite et neuropathie périphérique (1 % dans les deux cas). Les événements indésirables ont entraîné l’arrêt du traitement chez 6 % des patients traités par Libtayo et 4 % des patients traités par chimiothérapie. Aucun nouveau signal de sécurité concernant Libtayo n’a été observé.
Libtayo est développé conjointement par Sanofi et Regeneron dans le cadre d’un accord de collaboration global. L’utilisation de Libtayo dans le traitement du CPNPC au stade avancé est expérimentale et aucun organisme de réglementation ne l’a encore pleinement évaluée.
L’essai de phase III, multicentrique, randomisé, en ouvert, a évalué un traitement de première ligne par Libtayo en monothérapie, comparativement à un doublet de chimiothérapie à base de platine, chez des patients atteints d’un CPNPC épidermoïde ou non épidermoïde au stade avancé, dont 50 % ou plus des cellules tumorales exprimaient la protéine PD-L1, mais pas les protéines ALK, EGFR ou ROS1. L’expression des protéines PD-L1 a été confirmée au moyen du test PD-L1 IHC 22C3 pharmDx. L’essai a inclus 712 patients porteurs d’un CPNPC localement avancé (stade IIIB/C), non candidats à une résection chirurgicale ou à une chimioradiothérapie définitive ou dont la maladie avait progressé après une chimioradiothérapie définitive ou présentant un CPNPC métastatique (stade IV) n’ayant jamais été traité.
Les patients ont été randomisés (selon un rapport de 1/1) soit vers le groupe Libtayo 350 mg par voie intraveineuse toutes les trois semaines pendant un maximum de 108 semaines, soit vers le groupe doublet de chimiothérapie standard à base de platine, choisi par l’investigateur, pendant 4 à 6 cycles (avec ou sans chimiothérapie d’entretien par pémétrexed dès lors que l’histologie n’est pas à prédominance épidermoïde). Les co-critères d’évaluation principaux de l’étude sont la survie globale et la survie sans progression, et les critères d’évaluation secondaires incluent le taux de réponse globale, la durée de la réponse et la qualité de vie.
L’essai a été conçu pour tenir compte des paradigmes thérapeutiques actuels et émergents. Ainsi, les critères d’inclusion permettaient le recrutement de patients atteints d’un CPNPC qui pouvaient aussi présenter les caractéristiques suivantes : hépatite B contrôlée, hépatite C ou infection à VIH, métastases cérébrales prétraitées et stables et (ou) maladie au stade localement avancé ayant progressé sous chimioradiothérapie définitive. Les patients dont la maladie avait progressé pendant l’essai pouvaient changer de traitement : ceux du groupe chimiothérapie étaient autorisés à permuter vers le groupe Libtayo, tandis que ceux du groupe Libtayo étaient autorisés à combiner leur traitement par Libtayo à 4 à 6 cycles de chimiothérapie.
Une analyse intermédiaire préspécifiée a été réalisée après obtention de 50 % des données relatives à la survie globale. Cette analyse intermédiaire ayant fait ressortir une amélioration hautement significative de la survie globale, l’essai a été modifié de manière à permettre à tous les patients de recevoir Libtayo, sur la base des recommandations du Comité indépendant chargé du suivi des données de l’essai.
Le cancer du poumon est la principale cause de décès par cancer dans le monde. En 2020, plus de 2,2 millions de nouveaux cas devraient être diagnostiqués à l’échelle mondiale. Près de 85 % de tous les cancers pulmonaires sont des CPNPC et, chez environ 25 % à 30 % d’entre eux, 50 % ou plus des cellules tumorales devraient exprimer la protéine PD-L1. Bien que les immunothérapies aient transformé le traitement du CPNPC au stade avancé ces dernières années, il est encore nécessaire d’optimiser l’identification et le traitement des patients dont les tumeurs expriment la protéine PD-L1 et de leur proposer de nouvelles options thérapeutiques.
Libtayo est un anticorps monoclonal entièrement humain qui se lie au récepteur de checkpoint immunitaire PD-1 (récepteur-1 de mort cellulaire programmée) sur les lymphocytes T. Sa liaison au récepteur PD-1 permet d’empêcher les cellules tumorales d’emprunter le voie PD-1 et donc d’inhiber la fonction des lymphocytes T.
Libtayo est le premier agent d’immunothérapie approuvé aux États-Unis, dans l’Union européenne et dans plusieurs autres pays pour le traitement de patients adultes atteints d’un carcinome épidermoïde cutané (CEC) métastatique ou localement avancé qui ne sont pas candidats à une chirurgie curative ni à une radiothérapie curative. Aux États-Unis, la dénomination générique de Libtayo dans son indication approuvée est cemiplimab-rwlc, le suffixe « rwlc » ayant été attribué conformément à la nomenclature publiée par la Food and Drug Administration des États-Unis (Nonproprietary Naming of Biological Products Guidance for Industry). En dehors des États-Unis, la dénomination générique de Libtayo, dans son indication approuvée, est cemiplimab.
Le programme clinique étendu consacré à Libtayo porte sur des cancers difficiles à traiter. En ce qui concerne le cancer de la peau, il s’agit des essais consacrés au traitement adjuvant et néoadjuvant du CEC, ainsi que de l’essai pivot dans le traitement du carcinome basocellulaire au stade avancé. Libtayo fait également l’objet d’essais pivots dans le traitement du cancer bronchopulmonaire non à petites cellules (CPNPC) et du cancer du col de l’utérus, ainsi qu’en association avec des approches thérapeutiques, conventionnelles ou nouvelles, pour le traitement de tumeurs solides et de cancers hématologiques. Ces utilisations potentielles sont encore expérimentales et aucun organisme de réglementation ne les a encore évaluées.