France Biotech, l’association des entrepreneurs de l’innovation en santé, présente aujourd’hui le « Panorama France HealthTech 2023 », étude annuelle dédiée aux start-up et PME françaises des technologies innovantes de la santé, en partenariat avec Banque Populaire, Bpifrance, la banque publique d’investissement, Citeline, leader mondial en data et solutions cliniques, Euronext, première bourse paneuropéenne, et EY, leader mondial de l’audit, du conseil, de la fiscalité et du droit, des transactions. Cette étude a été réalisée avec le soutien du réseau des pôles de compétitivité et clusters en santé.
« Cette 21ème édition du Panorama illustre la résilience et le dynamisme de l’écosystème HealthTech dans un contexte macro-économique difficile, qui a su démontrer sa capacité à innover et à se réinventer. Attirant près de 1,8 Mds d’euros en levées de fonds, la France est le 2ème pays européen en montants levés et nombre d’opérations en capital-risque en 2023. Sur 2024, la feuille de route de France Biotech s’attachera, en plus des autres axes stratégiques, à travailler spécifiquement sur les enjeux de financements sur l’ensemble de la chaîne de valeur, sur les impacts et les défis sociétaux et environnementaux de notre secteur, notamment dans la perspective de la réindustrialisation de nos territoires stimulée par le Plan Innovation Santé France 2030. » explique Franck Mouthon, Président de France Biotech.
Aujourd’hui, la filière HealthTech française compte environ 2660 entreprises dont 820 biotech, 1393 Medtech et 450 sociétés de numérique en santé et intelligence artificielle. L’écosystème compte 60 000 emplois directs et indirects sur le territoire
« La filière des HealthTech françaises a atteint un nouveau niveau de maturité avec une part de plus en plus importante de sociétés présentes sur les marchés internationaux. Les effectifs de la filière sont également en croissance (+20% d’emplois directs en deux ans) témoignant du dynamisme et de la vitalité du secteur. » explique Chloé Evans, Adjointe au directeur général, en charge des études sectorielles et des relations internationales.
Un des premiers constats est une accélération des entreprises en santé numérique : leur nombre a doublé en quatre ans et est passé de 200 en 2019 à 450 en 2023 avec la création de 50 entreprises en 2023. Le nombre d’entreprises au stade de commercialisation augmente et atteint 77% en 2023 ; ces entreprises sont également de plus en plus présentes sur les marchés internationaux. Le principal frein à lever est de trouver un modèle économique pérenne pour les entreprises de ce domaine.
Avec un chiffre d’affaires de 1,4 milliards € en 2022 (versus 794 M€ en 2020 soit un taux de croissance annuel moyen de +33%) et plus de 15 000 emplois directs, la filière gagne en maturité et en croissance.
Les investissements en recherche et développement marquent aussi une reprise, après une baisse en 2021 avec plus d’1,3 milliards d’euros investis par la filière en 2022. L’écosystème compte plus de 33 entreprises de plus de 100 salariés qui se rapprochent du statut d’ETI. Enfin, une croissance des effectifs de +19% est aussi observée, soit 15 032 emplois directs en 2023 versus 10 639 en 2021.
Les entreprises de biotechnologies et de santé numérique représentent la part ayant le plus progressé en termes de produits commercialisés. Les trois-quarts des HealthTech visent les marchés internationaux ; les Etats-Unis, l’Allemagne et le Royaume-Uni sont les marchés les plus ciblés.
Les sociétés de technologies médicales ont gagné en maturité, par conséquent leurs principales préoccupations aujourd’hui sont leur déploiement à l’international, industrialisation (phase de scale up), financement et contraintes réglementaires (règlement européen relatif aux dispositifs médicaux).
« Les biotechs françaises sont parmi les leaders en Europe en matière de soutien à l’innovation pour les patients atteints de maladies rares » souligne Daniel Chancellor, directeur, “Thought Leadership” et Consulting, Citeline.
Les entreprises françaises détiennent le plus grand portefeuille de médicaments approuvés pour les maladies rares en Europe, ainsi qu’un vaste « pipeline » où plus de 200 médicaments sont en cours de développement. La grande majorité de ces médicaments (84%) ont été découverts localement, alors qu’ailleurs en Europe, c’est l’acquisition de licences via des partenaires extérieurs qui est favorisée. Par ailleurs, les biotech représentent plus de 70% des projets développés avec une influence dominante au stade pré-clinique.
Chaque année, la France attire un grand nombre d’innovateurs étrangers pour mener des études portant sur les maladies rares. Un essai clinique démarre quasi chaque jour en France ce qui en fait le pays leader européen. Les réseaux d’hôpitaux universitaires jouent un rôle majeur dans l’activité clinique. D’autre part, le premier Plan National des Maladies Rares (PNMR), lancé en 2004, a permis la mise en place d’un dispositif inédit pour accompagner les patients atteints d’une maladie rare.
Cela se traduit par une expertise reconnue au niveau européen et international de sa recherche et médecine d’excellence. Le PNMR 4, lancé en 2024, s’appuiera sur de nouvelles mesures afin d’aller plus loin, notamment sur le volet du diagnostic, mais aussi pour renforcer l’accès aux traitements pour les patients.
La mobilisation de Bpifrance se traduit par le renforcement de son continuum de soutien pour la filière santé, avec un objectif de 10 Mds€ pour ce secteur clé, mais également par le développement de son offre d’accompagnement. En ce sens, Bpifrance, opérateur clé de France 2030, poursuit le financement de la filière santé avec près d’1,2 milliards d’euros d’aides et d’investissements en 2023 (+19% vs. 2022) dont 674 M€ en financement public (422 M€ d’aide ont été attribués sur le volet dirigé et 252 M€ sur le volet structurel incluant les aides mises en place par les directions régionales) et 509 M€ en investissements. Au total sur 3 ans, Bpifrance a injecté 4,3 milliards d’euros.
« Nous concentrons tous nos efforts pour soutenir la réindustrialisation du pays qui est une tendance de fond et qui prend une place de plus en plus structurante dans l’écosystème de la santé avec le plan de relance puis l’arrivée du plan stratégique France 2030. Nous sommes en train de déployer ce volet qui va se traduire par la sortie de terre de nouvelles usines, l’arrivée de nouvelles molécules sur le marché. Nous travaillons aussi sur le digital et l’intelligence artificielle qui peuvent être de formidables leviers pour améliorer la compétitivité de la filière et l’efficience des parcours de soin incluant la prévention. » indique Paul-François Fournier, directeur exécutif Innovation de Bpifrance.
La problématique du financement des entreprises s’est fortement accentuée en 2023 pour les entrepreneurs (63% des entreprises sont en levée de fonds) avec un contexte macroéconomique et financier incertain, la hausse des taux d’intérêt, une sélectivité plus forte des investisseurs. Par conséquent, il est constaté une baisse des niveaux d’investissements en HealthTech : -19% au niveau mondial par rapport à 2022, -19% en Europe en capital-risque.
D’une manière générale, certaines opérations ont été conséquentes pour le secteur mais le nombre de levées de fonds est plus concentré avec des difficultés ressenties pour l’amorçage et les tours A, B. Les entreprises ont eu davantage de difficultés pour se financer et le nombre de liquidations d’entreprises a augmenté (39 biotech en 2023 versus 9 en 2020).
Les entreprises ont dû aussi faire face à des difficultés de trésorerie mais leur niveau est meilleur qu’il y a un an (38% des entreprises en difficulté versus 52% en 2022). La perception de la situation est également meilleure (inflation, financements etc.).
Malgré ces freins, la France demeure dans le peloton de tête des pays européens en 2023 avec des montants levés de 1, 8 Mds€ (-32% vs. 2022). Les fonds levés en capital-risque à hauteur de 1 Md€ représentent 55% des sources de financement de la Healthtech en France. Les levées en refinancement sur les marchés boursiers représentent 565 M€ (-13% versus 652 M€ 2022).
« La tendance à la réduction des financements dans le domaine de la santé, constatée en 2022 en Europe, a impacté la France en 2023. Cela s’est traduit notamment par des financements plus faibles de la part des capital-risqueurs et de timides introductions en bourse. Par ailleurs, les tensions géopolitiques et l’évolution des taux d’intérêts ont maintenu les volatilités importantes et le scepticisme des investisseurs sur les valeurs technologiques. En revanche, les refinancements secondaires du secteur se sont maintenus à un bon niveau » explique Cédric Garcia, partner chez EY.
Une autre préoccupation des entrepreneurs est le développement de partenariats industriels qui est clef comme moyen de financement pour la filière. Ainsi, 47% des entrepreneurs privilégient le M&A comme stratégie d’exit. Néanmoins, un tiers des entreprises considère développer leur société jusqu’au marché seuls. Le co-développement avec un industriel fait aussi partie des stratégies envisagées pour 33% des entrepreneurs.
Une reprise timide des introductions en bourse mais une augmentation du nombre de levées secondaires sur les valeurs de la HealthTech
A fin 2023, 123 entreprises HealthTech (dont 70 françaises) sont cotées sur les marchés d’Euronext, et représentent une capitalisation boursière de 42 Mds€. En un an, la capitalisation boursière des HealthTech françaises est restée stable, passant de 6,1 Mds€ à 6 Mds€.
« L’année 2023 a été atone en termes de montants levés par le biais d’introduction en Bourse. En revanche, les refinancements des sociétés cotées sont repartis sensiblement à la hausse en volume avec 29 opérations, permettant ainsi d’élargir l’horizon de financement de plus de 40% des membres de la cote française » conclut Guillaume Morelli, Head of Listing France, Portugal and Spain.