L’information en santé peut être multiforme : une information médicale ou de recherche, une information portant sur le budget ou encore une information produite par un malade… Nous pensons qu’une information est neutre et qu’il suffit d’échanger et de coopérer. Mais la sociologie des organisations, qui s’applique à tous les systèmes d’action, nous a appris le contraire. Elle est un enjeu entre les acteurs ; échanger de l’information est risqué. Lorsqu’un patient donne, par exemple, une information à un médecin, le médecin peut la classer dans un dossier qui peut être hacké ou volé et transmis à une assurance qui pourra éventuellement changer le système de prime en fonction de la nature de la maladie du patien t. Cet exemple est un raccourci pour montrer le fantastique enjeu qu’est l’information.
Au sein d’un hôpital, directeur, administratifs, professeurs de médecine, infirmiers, aides-soignants…, tous les acteurs ont une façon de traiter l’information par rapport à leur spécificité comme le fonctionnement de l’hôpital, la rentabilité du service, les techniques de soins, etc. Tous ont de l’information mais personne n’a intérêt à la donner complètement au risque de donner prise à l’autre.
Dans le domaine de la santé comme dans d’autres domaines, les acteurs s’organisent autour de la circulation de l’information. Cette information passe par des réseaux, mais aussi par des zones d’incertitude comme le nombre de malades, ceux de courte durée ou de longue durée, une nouveauté médicale ou informatique… La question est de savoir comment faire circuler toutes ces informations dans un jeu de pouvoir et de coopération. Pour gérer les incertitudes ou les problèmes, tous les acteurs font circuler plus ou moins l’information en faisant attention de ne pas donner d’atouts aux autres pour que cela ne se retourne pas contre eux.
Interview réalisée à l’occasion de la 3èmeRencontre IRL (In Real Lif e) du Club Digital Santé 2016 sur le thème de « La littératie numérique pour une meilleure relation médecin-patient dans la e-santé ».