Les telcos (mais aussi les cablos) sont traditionnellement plutôt favorables aux Républicains et financent leurs campagnes. Tandis que les acteurs de la Silicon Valley ont tendance à soutenir les démocrates.
Les Républicains sont traditionnellement favorables aux intérêts des telcos : ils optent en faveur de moins de réglementation sectorielle ; ils sont moins sensibles aux risques d’abus de position dominante et voient en général d’un œil plus favorable les opérations de M&A.
Une Présidence et un Congrès Républicains pourraient stopper, voir inverser, le mouvement de re-régulation engagé par le Président Démocrate de la FCC, Tom Wheeler, avec le soutien de l’Administration Obama sur plusieurs points :
L’application des principes de la Net Neutralité et plus largement les dispositions contenues dans l’« Open Internet Order » qui outre les mesures anti-discrimination des telcos vis-à-vis des contenus, laissent une marge d’initiative à la FFC dans une régulation ex ante des tarifs d’accès à l’Internet (néanmoins jamais mise en œuvre) et un pouvoir de supervision des accords d’interconnexion telcos/OTT-CDN ;
Le projet de standardisation des set-top-boxes des cablos/telcos susceptible de faire sortir ces devices de la facturation des opérateurs et d’ouvrir le marché aux services de streaming ;
La volonté de la FCC d’imposer aux ISPs (telcos/cablos) des règles de respect de la « privacy » de leurs clients à travers des dispositions de type ’opt in’ ;
Le projet de l’agence d’encadrer les tarifs qu’imposent les telcos aux opérateurs alternatifs qui souhaitent accéder à leurs clients (professionnels) à travers leurs infrastructures.
Tout ceci pourrait s’accompagner d’un projet de réécriture du Telecom Act signé en 1996 par le Président Bill Clinton.
L’orthodoxie Républicaine est traditionnellement plus favorable aux opérations de M&A.
Mais la réthorique « populiste et anti-système » de Trump s’est traduite en cours de campagne par une prise de position contre l’opération de fusion AT&T-Time Warner (USD 85milliards sans les dettes). Si cette opposition se confirme et est partagée par le DoJ et la FCC, on peut néanmoins envisager :
a) qu’elle ne s’appliquera pas à l’autre opération significative en cours dans le secteur entre Century Link et Level 3 Communications ;
b) qu’elle s’accompagne d’une réactualisation des projets de consolidation dans le secteur des mobiles (passage de 4 à 3). On verra alors remonter le cours de T-Mobile, soit que l’opérateur (contrôlé par Deutsche Telekom) soit de nouveau la cible d’AT&T, soit qu’une opération se dessine entre T-Mobile et Sprint (contrôlé par Softbank). Mais cela alors peut être vu comme un cadeau fait à des entreprises allemandes et japonaises... ;
c) enfin d’autres opérations de consolidation peuvent être envisagées dans le wireline et le câble.
Des centaines de milliards USD de bénéfices réalisés à l’international des GAFA et plus largement de multinationales US sont en attente depuis des années d’une amnistie fiscale pour revenir aux USA. Trump se serait engagé à adoucir l’imposition de ces bénéfices à leur retour, à l’instar de ce qu’avait fait Bush Junior en son temps. L’idée serait d’utiliser une partie de ces sommes pour des opérations publique-privée d’investissements dans le projet de USD 1000 milliards pour les infrastructures (routes, hôpitaux, écoles, ...) promis pendant la campagne. Il reste à voir la part qu’auraient les télécoms et aussi les modalités des opérations PP qui leurs seraient proposées.
Enfin sur un plan plus macro-économique, on peut discuter des hypothèses suivantes :
Une stagnation économique ou l’installation d’un climat incertain (croissance, inflation, taux d’intérêts) ne sont bons pour aucun secteur, néanmoins on peut envisager un sort plus favorable pour les télécoms qui regroupent des valeurs plutôt contre-cycliques ;
La volatilité et naturellement la dépréciation du dollar handicaperaient les investisseurs internationaux (Deutsche Telekom, Softbank ou Altice).