Communiqué conjoint de
M. Arnaud Montebourg, Ministre du Redressement productif, France
M. Flavio Zanonato, Ministre du Développement économique, Italie
M. José Manuel Soria, Ministre de l’Industrie, de l’Energie et du Tourisme, Espagne
M. Kostis Hatzidakis, Ministre du Développement et de la Compétitivité, Grèce
M. Dragomir Stoynev, Ministre de l’Economie et de l’Energie, Bulgarie
M. Etienne Schneider, Ministre de l’Economie et du Commerce extérieur, Luxembourg
M. Jean-Claude Marcourt, Ministre de l’Economie, des PME, du Commerce extérieur, des Technologies nouvelles et de l’Enseignement supérieur, Wallonie, Belgique
M. Jiri Cienciala, Ministre de l’Industrie et du Commerce, République Tchèque
M. Michael Fallon, Ministre délégué chargé de l’Industrie et de l’Energie, Royaume-Uni
L’industrie tient une place centrale dans l’économie européenne. Ce secteur économique historique emploie plus de 34 millions de personnes, contribue à un cinquième de la production et représente 80% des exportations européennes et des investissements dans la recherche et le développement (R&D). Elle a donc un impact sur tous les autres secteurs de l’économie, en particulier celui des services.
L’industrie européenne s’illustre avec excellence au niveau mondial dans de nombreux secteurs stratégiques, tels que la construction automobile, l’aéronautique, l’ingénierie, l’espace, la microélectronique, les produits chimiques et les produits pharmaceutiques. Elle contribue de façon décisive aux équipements nécessaires à une production énergétique plus verte et sobre en carbone et assurant une meilleure indépendance énergétique de l’Union européenne. Une économie forte ne peut exister sans une industrie forte.
Notre industrie a subi depuis 10 ans un recul continu de sa part dans le PIB européen, qui s’est accéléré avec la crise économique en 2008, conduisant à la perte de 10% des emplois industriels en Europe. Le récent rapport de la Commission européenne sur la compétitivité met encore en lumière que la part de l’industrie dans le PIB de l’UE s’est contracté à 15,3% en 2013 contre 15,5% l’année dernière.
Des initiatives européennes ont été prises, et des discussions stratégiques peuvent maintenant avoir lieu entre Ministres en charge de l’industrie au sein du Conseil Compétitivité. Mais l’Europe doit aujourd’hui prendre des mesures à la hauteur de la situation, et se préparer aux nouveaux enjeux économiques, comme toutes les autres puissances industrielles mondiales l’ont fait. Toutes les options pouvant permettre de regagner de la croissance et créer des emplois en Europe doivent être explorées. Tout doit être fait pour faire de l’Europe un lieu plus compétitif en termes de production et d’investissement.
Pour cela, nous estimons nécessaire d’œuvrer au relèvement de la part de l’industrie dans le PIB de l’UE, ce qui nécessite de procéder à une revue permanente des politiques européennes, à la lumière des enjeux industriels auxquels l’Europe et nos économies font face : cela concerne la politique industrielle et la politique des PME bien sûr, mais également les règles du marché intérieur, la politique de la concurrence, la politique commerciale, la politique environnementale, la politique d’innovation et de recherche, la politique de cohésion, tout comme l’ensemble des politiques sectorielles, comme l’énergie et le climat. L’encadrement européen des aides d’Etat doit faire l’objet d’améliorations réelles, et être accompagné de la mise en place d’une surveillance effective des subventions pratiquées en dehors de l’UE.
Notre objectif commun de redressement industriel doit désormais être pris systématiquement en compte dans le cadre de toutes les politiques de l’UE : nous devons être certains que nos entreprises ne sont pas désavantagées vis-à-vis de leurs concurrents internationaux. Il s’agit pour cela de mobiliser pleinement nos instruments de défense commerciale lorsque cela est nécessaire, aussi bien que de mener une politique de la concurrence qui garantisse que les entreprises européennes ne sont pas défavorisées dans la compétition mondiale.
Concernant le PME, il est particulièrement important de résoudre les restrictions dans l’accès au crédit nécessaire à l’investissement dans les nouvelles technologies et la R&D, renforçant ainsi leur compétitivité et leur capacité d’exportation.
Plus spécifiquement, notre politique industrielle doit se concentrer sur l’amélioration des conditions cadres offertes à l’industrie européenne, tout en prenant en compte les enjeux spécifiques de différents secteurs industriels. A cet égard, la Commission européenne devrait poursuivre ses initiatives sectorielles sur des secteurs traditionnels importants comme l’acier et la construction navale mais également étendre cette approche à des secteurs d’avenir tels que la pharmacie, les technologies de l’information et de la communication ou les technologies vertes. Pour chacun d’entre eux, la Commission devrait présenter des solutions concrètes répondant à leurs enjeux de compétitivité et présenter régulièrement au Conseil compétitivité des rapports d’avancement sur ces initiatives.
De même, il est nécessaire que la Commission européenne étudie le différentiel de compétitivité entre l’Europe et les autres économies avancées, résultant des écarts entre prix de l’énergie et d’engagements différents en matière de réduction des émissions de CO2 ou de production d’énergie d’origine renouvelable. La Commission devrait proposer avant février 2014 des solutions pour réduire ce différentiel de compétitivité.
Pour l’ensemble de ces raisons, nous appelons le Conseil européen, lors de sa réunion de février 2014 consacrée à la compétitivité industrielle, à adopter un agenda industriel pour l’Europe ambitieux, dotant les institutions européennes d’une feuille de route complète et claire en faveur du renouveau de l’industrie et du renforcement de l’appareil productif européen.