Sous la pression du coût induit par les politiques de l’UE, l’industrie européenne de production d’aluminium a perdu sa compétitivité. C’est ce qui ressort d’une étude publiée aujourd’hui par la Commission européenne dans le cadre de son programme d’évaluation (fitness check) du secteur de l’aluminium.
Le centre européen d’évaluation des politiques publiques (Centre for European Policy Studies) vient de publier pour la première fois une analyse du coût supporté depuis 10 ans par l’industrie de l’aluminium et induit par la réglementation européenne dans les domaines de l’énergie, du changement climatique, de l’environnement, de la concurrence, du commerce et de la production. Cette étude repose sur 46 usines qui comptent pour 60% de la capacité de production européenne.
« Les résultats montrent clairement qu’il y a un impact très négatif des coûts liés à la réglementation européenne qui empêche significativement l’UE d’être compétitive au niveau international » a déclaré Gerd Götz, Directeur Général de l’Association Européenne de l’Aluminium. « La demande européenne de solutions à base d’aluminium est croissante alors que la production européenne d’aluminium décroît. Nous remercions le vice-président Monsieur Tajaniet la DG Entreprise de porter cette constatation. Il est maintenant temps de trouver une réponse politique forte et immédiate ».
« Le rapport met en lumière les différences existantes entre les alumineries européennes exonérées des coûts induits par la réglementation européenne grâce à des contrats préexistants de long termes et les alumineries pleinement exposées au marché européen de l’électricité et soumises aux contraintes liées à la taxation des émissions de CO2. Ces dernières sont devenues les usines les moins compétitives au monde et font face à une hausse de leurs coûts de production de 228 euros par tonne d’aluminium produite, soit 11% des coûts de production (y compris les matières premières) ».
L’étude souligne que,parmi les règlementations étudiées, l’impact des coûts indirects du système ETS (coûts supportés par les électriciens et reportés sur la facture électrique des industriels) ainsi que la taxation qui finance les énergies renouvelables sont les principales causes de l’écart de compétitivité de l’industrie européenne avec ses concurrents.
Cet écart de compétitivité a entraîné la fermeture de plusieurs usines d’électrolyse entre 2007 et 2012, et l’appareil de production européen d’aluminium primaire a ainsi été réduit de plus d’un tiers. Cette baisse de production qui touche l’ensemble de l’industrie menace de nombreux clusters à l’échelle régionale et de nombreuses activités aval bénéficiant de la proximité et de l’expertise des unités de production locales. Néanmoins, cette tendance peutêtre inversée si l’on veut vraiment voir renaître l’industrie européenne de l’aluminium.
C’est la raison pour laquelle, aujourd’hui, le Président de l’Association Européenne de l’Aluminium, Roeland Baan (Aleris), son Directeur général et une délégation de directeurs de l’industrie adressent au Commissaire européen à l’industrie, Monsieur Antonio Tajani, des recommandations concrètes pour redynamiser ce secteur stratégique pour l’Europe.
Ces mesures doivent :
assurer la compétitivité des prix de l’énergie par des politiques industrielles, climatiques et énergétiques saines ;
sécuriser la disponibilité des déchets, améliorer le potentiel de recyclage de l’aluminium et favoriser l’économie circulaire en Europe ;
maintenir la chaine de valeurindustrielle européenne et encourager l’innovation en dynamisant la demande de solutions plus efficaces
« Nous sommes de fervents défenseursde la stratégie Europe 2020 et du marché de quotas d’émissionpour réaliser les objectifs liés au changement climatique. Mais il est grand temps qu’un renouveau pragmatique de l’UE en matière de politique climatique et énergétique soit amorcé pour stopper les fuites de carbone et la désindustrialisation tout en maintenant les emplois et le leadership technologique européen. L’Europe ne peutse permettre de perdre une industrie qui participe activement à la transition vers une économie peu émettrice de CO2 et centrée sur l’optimisation des ressources » conclut Roeland Baan.
Pour plus d’informations :
Rapport final du CEPS