L’Université de technologie de Troyes (UTT) et l’Université de sciences appliquées de Darmstadt (Hochschule Darmstadt, h_da), membres de l’alliance EUT+, sont à l’initiative d’un projet novateur qui allie intelligence artificielle et apprentissage automatique (Machine Learning) dans le but d’optimiser la sécurité des atterrissages de sondes lunaires. Ce projet bénéficie du soutien financier de l’Agence spatiale européenne (ESA).
L’atterrissage sur la Lune reste un véritable défi pour les agences spatiales. Bien que les missions Apollo aient ouvert la voie en 1969, des tentatives récentes, comme celle de la sonde japonaise Hakuto-R, ont échoué en raison des terrains accidentés. La surface lunaire est parsemée de cratères, de rochers et d’irrégularités, rendant chaque mission risquée.
Pour relever ce défi, l’ESA a sollicité l’expertise de l’alliance EUT+, composée de neuf universités européennes. Après un processus de sélection rigoureux, mené en deux étapes, le projet dirigé par les professeurs Hichem Snoussi (UTT) et Andreas Weinmann (h_da) a été retenu en raison de son approche novatrice et de sa capacité à répondre aux défis de sécurité. Ce projet a pour objectif de développer une intelligence artificielle capable de détecter en temps réel les dangers sur la surface lunaire en analysant les images capturées par les sondes spatiales.
L’approche adoptée par les chercheurs de l’alliance EUT+ repose sur des techniques avancées d’apprentissage automatique, notamment le « zero-shot learning ». Contrairement aux méthodes traditionnelles qui nécessitent des millions de données annotées manuellement, cette technique permet à l’IA d’identifier des dangers à partir d’images existantes, sans nécessité de classification préalable par des humains. Cela réduit considérablement le travail manuel tout en augmentant la précision de la détection des anomalies, telles que les cratères ou les rochers dissimulés sous des ombres lunaires.
Ce projet marque une étape clé dans l’utilisation de l’IA pour l’exploration spatiale. En juillet 2024, il a officiellement démarré au centre de l’ESA à Darmstadt. Un doctorant, Patrick Bauer, récemment diplômé de l’OTH Regensburg, collaborera avec les équipes de l’ESA, de l’UTT et de h_da pour développer cette technologie. Le projet symbolise une collaboration novatrice au sein de l’alliance européenne EUT+, ouvrant ainsi la voie à d’autres collaborations internationales dans le domaine spatial.
L’objectif de cette collaboration est de fournir une solution robuste aux défis que pose la surface lunaire. Grâce à cette technologie innovante, l’ESA espère réduire les risques d’échec lors des atterrissages lunaires et permettre à terme des missions habitées plus sûres et plus efficaces. « L’ESA s’engage dans une aventure spatiale d’une envergure sans précédent, et notre contribution représente une pierre angulaire de ce projet ambitieux. En développant cette technologie, nous ne faisons pas seulement un pas vers la sécurité des atterrissages lunaires, mais nous ouvrons également la voie à de futures explorations audacieuses de l’espace », déclare le professeur Hichem Snoussi.