" Si l’importance des nouvelles technologies est désormais reconnue dans la santé, les entreprises avancent à des rythmes différents déployant des moyens inégaux", constate Denise Silber. Les intervenants étaient Eric de Branche du LEEM, le Dr Patrick Delavault, Chief Medical Officer (CMO) d’Ipsen. " Nous n’entendons pas assez souvent la voix du CMO, alors que le médical représente le cœur des industries de santé", a constaté Denise Silber.
L’objectif de l’enquête était de faire le point sur la place de plus en plus prépondérante du digital au sens large dans les entreprises de santé. Sur les 118 répondants, 56% proviennent des industries de santé (essentiellement laboratoires), 37% des prestataires (agences, conseil digital ou stratégique) et 7% autres (PS, assureur, agro-alimentaire, start up). Les répondants appartiennent à des groupes internationaux (55%) ou sont indépendants (45%). Le digital, intéresse autant les organisations nationales que les organisations internationales.
Une large majorité des répondants (97,5%) affirme un oui franc et massif à la question : le digital est-il stratégique pour les industries de la santé. C’est une réponse sans appel. A la question : le management de l’innovation passe-t-il par le digital, 37% répondent « absolument », et 61% « en partie », ce qui reste tout de même très positif si l’on réunit les deux points de vue (98%). A la question : le digital doit-il amener les industries de santé à repenser leur modèle économique ? ici encore, c’est oui à 88%.
A la question : le digital participe-t-il déjà au comité de direction ? c’est le non qui l’emporte à 59,5%. Mais comme le souligne le docteur Patrick Delavault," il existe aujourd’hui des Chief Information Officers qui, s’ils ne siègent pas au comité de direction, jouent néanmoins un rôle stratégique important". Denise Silber a souligné que "les entreprises de santé sont entrées dans une période charnière. Avant, on pouvait encore se permettre de différer un investissement. La question est de savoir si certaines entreprises de santé n’ont pas trop tardé à mettre en place les moyens, notamment en termes de formation », relève-t-elle.
" Deux phénomènes ont bouleversé nos métiers médicaux et de R&D depuis le début des années 90. D’abord, l’accès immédiat à l’information. Avant l’arrivée d’internet, une simple revue de bibliographie demandait trois mois de recherche contre quelques minutes aujourd’hui. Le digital est un moyen de maîtriser cette masse d’informations et de donner du sens à ce qu’autrefois on ne pouvait pas interpréter. Deux projets sont en cours, Bio-Intelligence issu d’un consortium d’entreprises pharmaceutiques, d’institutions académiques et d’entreprises comme Dassault Systems, et Ipsen, avec pour objectif de modéliser certains processus impliqués dans la croissance des tumeurs. Enfin, le projet européen VPH (Virtual Physiological Human) a vocation à reproduire une sorte de physiologie in silico pour tester des nouvelles molécules" , indique Patrick Delavault.
Deux autres domaines du digital sont pour le corps médical fondamentaux : Le Big Data et l’informatique cognitive, on est désormais capable de déceler les associations entre certaines signatures moléculaires, génétiques, épigénétiques et les présentations cliniques. Ces outils transforment en profondeur le processus de recherche médicale en produisant de nouvelles hypothèses ou comme aide à la décision. C’est ainsi que certains hôpitaux utilisent Watson, le programme d’intelligence artificielle conçu par IBM, comme outil d’aide à la décision diagnostique en oncologie ».