Derrière le terme de mobilité urbaine, se trouve une multitude d’acteurs, d’enjeux et de défis. La transition des villes vers des solutions de mobilité durable ne pourra se faire qu’à la condition d’en appréhender chacun des enjeux.
L’essor et l’attractivité des grands centres urbains ont accru les flux de mouvement mais aussi la densité de la population dans ces zones. Les villes sont de plus en plus congestionnées, les transports saturés et se déplacer en heure de pointe peut s’apparenter à un véritable parcours du combattant. Améliorer et transformer la mobilité au sein des villes pour qu’elles restent attractifs mais aussi afin d’assurer confort et qualité de vie à ses habitants est donc primordiale.
Afin de répondre de façon durable à ses problématiques, il est nécessaire pour les pouvoirs publics de soutenir les nouvelles solutions de mobilité (autopartage, covoiturage, etc.) afin de les intégrer durablement dans le paysage urbain, dans le but de faciliter leur adoption et leur utilisation par les citadins.
Bien conscients des enjeux et attentes inhérents mais également, du potentiel de croissance dans ce domaine, de nombreux acteurs se sont positionnés sur le secteur de la mobilité urbaine. C’est dans ce contexte qu’est apparu le terme de « MaaS » (mobility as a service), qui est devenu la pierre angulaire des transports urbains. Celui-ci vise à offrir sur une même plateforme, le moyen de trouver l’itinéraire le plus rapide, le véhicule le plus adapté et de payer son trajet ou encore valider son titre de transport. En proposant une solution complète, le MaaS entend fluidifier, simplifier et améliorer l’expérience utilisateur afin de la rendre plus intuitive et efficiente. Mesurer, analyser, prédire et optimiser en temps réel la mobilité grâce à de nouveaux outils numériques, voilà donc un des enjeux majeurs. Mais pas seulement.
Les problématiques environnementales ont pris une place de plus en plus importante dans les débats sociétaux en France. Selon une étude menée par Statista, les Français sont notamment préoccupés par le réchauffement climatique (48 %) et la pollution de l’air (33 %).
Omniprésente dans les métropoles, la lutte contre la pollution et la préservation de l’environnement représentent sans doute les enjeux majeurs de la mobilité de demain. C’est également une des préoccupations principales des utilisateurs. En cinq ans, la part des voyageurs qui se déplacent en transport public pour des raisons écologiques a augmenté de 5 points (de 13% à 17%). Au même titre, vélos, trottinettes, voitures et scooters électriques et connectés se sont développés à grande vitesse et représentent désormais une alternative ou un complément aux moyens de transport traditionnels.
Les utilisateurs les ont rapidement adoptés, en est pour preuve le plébiscite de la trottinette électrique qui s’est répandue à grande vitesse dans les villes du monde entier ou encore l’augmentation des ventes de scooters électriques ces dernières années (+49,7% en 2019). Permettant plus de flexibilité et de liberté, ces nouveaux modes de transports répondent également à la volonté de se déplacer de manière plus écologique et respectueuse de l’environnement.
En ce qui concerne la pollution liée à l’usage de la voiture, ce n’est pas en améliorant l’efficacité des moteurs ou en taxant les véhicules polluants, que l’air deviendra plus pur. Ces mesures ne modifient pas non plus le comportement des automobilistes toujours plus nombreux sur les routes. Réduire l’usage de la voiture et promouvoir les déplacements de proximité, avec des véhicules électriques à deux roues, apparaît comme une des solutions crédibles pour diminuer les rejets de gaz à effet de serre.
Offrir des solutions efficaces et fiables de mobilité urbaines qui répondent au défi écologique se fera en s’appuyant sur la recherche et le développement de technologies innovantes et écoresponsables. Que cela soit les acteurs privés, qui misent de plus en plus sur l’éco mobilité avec le développement de l’électrique, ou les institutions publiques qui souhaitent mettre le digital au cœur de leur système pour fluidifier et améliorer le parcours des usagers. Les données seront notamment au cœur de l’équation. Elles représentent une base d’informations indispensable qui permettra de proposer des services et produits adaptés aux nouveaux besoins et façon de se déplacer.
Si les besoins liés à la mobilité changent, il est nécessaire que les utilisateurs mais aussi les politiques publiques évoluent aussi. Les nouveaux modes de déplacements donnent parfois lieu à des vides juridiques comme récemment avec le stationnement des trottinettes électriques. Il est indispensable de définir un cadre législatif encadrant la mobilité de demain sous toutes ses formes mais également de favoriser l’innovation et la création d’infrastructures dédiées. C’est notamment ce que prévoit la loi d’orientation sur la mobilité, promulguée par le gouvernement le 24 décembre 2019. Les pouvoirs publics doivent définir des moyens (incitations ou pénalités) afin d’encourager les utilisateurs à adapter leur comportement au mode de mobilité adopté (circulation alternée, gratuité des transport, prime à l’achat de véhicules électriques, etc.).
De leur côté, les usagers ont également un rôle à jouer dans cette transition en intégrant, dans leurs déplacements et comportements, des solutions durables et compatibles à l’augmentation de la population dans les centres urbains comme les solutions de mobilité partagées ou les transports en commun.
D’ici 2030, la majorité de la population mondiale sera concentrée dans les villes. Si cette tendance se poursuit, d’ici 2050, plus de 80 % de la population mondiale vivra dans un environnement urbain. Il est donc indispensable pour les centres urbains de développer une vision stratégique et de définir des objectifs incluant chacun des acteurs clés, publics et privés, de la mobilité urbaine. Cet alignement garantira un équilibre entre la vision et la faisabilité des projets, afin d’aboutir à des stratégies cohérentes.