L’économie mondiale peut et doit évoluer vers l’économie circulaire : c’est le message que portent Ecofolio, l’éco-organisme des papiers, et l’économiste Nicolas Bouzou. À l’aube de la COP21, ces derniers prennent part au débat pour rappeler qu’une politique respectueuse de l’environnement peut être synonyme de croissance. À travers l’exemple de la filière papier, ils apportent des solutions porteuses d’avenir.
« 0 déchet, 100% croissance » est le fruit d’un travail d’écoute des divers acteurs de la filière ainsi que d’économistes, d’élus, de sociologues et de penseurs, tous convaincus que la gestion des ressources naturelles doit s’accompagner d’une transformation de l’économie. Ce Manifeste propose 10 actions concrètes, au service d’un projet industriel créateur de valeur pour l’économie française.
Le cabinet Asterès et Ecofolio partent de ce constat : le modèle économique actuel hérité des Trente Glorieuses entraine une surconsommation des biocapacités de notre planète. Outre un épuisement de nos écosystèmes il est le grand responsable du dérèglement climatique. Enfin, il génère près de 350 millions de tonnes de déchets chaque année en France, dont les coûts environnementaux et de gestion deviennent prohibitifs.
« Le mode de production linéaire n’est pas compatible avec un développement économique et social durable de nos sociétés. La nouvelle croissance ne sera pas linéaire, mais circulaire. Limiter l’impact de nos activités marchandes sur l’environnement tout en créant de la valeur ajoutée : c’est la promesse de l’économie circulaire dont la France a besoin » Nicolas Bouzou, Economiste.
L’économie linéaire atteint ses limites et la filière papier n’échappe pas à cette règle. Le système actuel de tri et recyclage du papier, mis en place il y a plus de 20 ans, a été construit pour financer l’élimination du déchet. Aujourd’hui il n’est plus adapté : les ressources bois se raréfient, induisant une hausse du coût des matières premières. La filière papier connaît d’importantes difficultés économiques. Le constat fait par le Manifeste « 0 déchet, 100% croissance » est simple : l’économie circulaire est un levier de sortie de crise pour la filière papier. Elle doit permettre de renouer avec la croissance et l’emploi, en impulsant une dynamique d’innovation.
« Faire entrer la filière dans une économie circulaire, c’est créer un modèle où les vieux papiers d’aujourd’hui sont une ressource pour demain. Nous souhaitons accompagner la filière papier pour l’aider à transformer les difficultés subies actuellement pour en faire une formidable opportunité de croissance. » Géraldine Poivert, Directrice générale d’Ecofolio.
La Commission européenne a évalué à 2 millions le potentiel de création nette d’emplois liés au développement de l’économie circulaire à l’échelle de l’Union, à l’horizon 2030. Pour la filière papier, le passage à une logique d’économie circulaire serait donc créateur de valeur mais aussi d’emplois durables, en se tournant notamment vers les usages de demain. Sous condition que les acteurs de la filière saisissent cette opportunité en modernisant les outils industriels existants, par exemple en investissant dans de nouvelles techniques de collecte et de tri.
Au-delà d’un constat et d’une analyse précise des opportunités, le Manifeste « 0 déchet, 100% croissance » avance des propositions concrètes. Celles-ci n’ont pas vocation à apporter des réponses définitives : elles ouvrent le débat et invitent à la réflexion et à l’action concertées.
« Notre souhait est de poser la réflexion sur des bases économiques et que les acteurs s’en emparent : il s’agit de notre contribution à un débat qui est fondamental pour l’avenir de la filière » affirme Géraldine Poivert.
1. Une réforme de l’outil industriel de collecte et de tri (investir plutôt que soutenir).
2. Une plus grande cohérence dans le financement de la filière.
3. Une clarification de la signalétique pour une sensibilisation plus efficace (tous les papiers se trient et se recyclent).
4. Une organisation optimale du marché de la reprise des vieux papiers.
5. Un remplacement du terme « déchets » par le terme « ressources » dans toutes les communications officielles.
6. Le levier de la commande publique.
7. Un signal-prix approprié.
8. En ouvrant, dans le cadre du volet « économie circulaire » des investissements d’avenir, un appel à manifestation d’intérêt axé sur le secteur du recyclage des papiers. Les auteurs proposent de financer ces investissements en y affectant les nouvelles recettes issues de l’augmentation de la Taxe Générale sur les Activités Polluantes (TGAP).
9. En favorisant la création de clusters intersectoriels à l’échelle régionale pour créer des synergies et attirer les investissements.
10. En favorisant la création de formations axées sur la gestion des ressources et l’économie circulaire dans les grandes écoles et les universités, afin d’attirer les jeunes talents et favoriser l’innovation.
« Les vieux papiers, recyclables au moins cinq fois, sont un champ d’exploration extraordinaire pour l’économie circulaire. Soyons à l’avant-garde de nos partenaires européens : la France peut montrer le chemin de l’écologie innovante, créatrice de valeur ajoutée et d’emplois ! » conclue Géraldine Poivert.