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Techniques

Le Marbre d’ici : l’art de recycler pour créer un nouvel espace public

Publication: Octobre 2015

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Un exemple concret sur un chantier d’aménagement urbain à Ivry-sur-Seine...
 

L’artiste plasticien Stefan Shankland conçoit et réalise depuis plus de dix ans des projets artistiques intégrés aux processus de transformation à l’œuvre dans des contextes urbains, industriels et naturels, en France et à l’étranger. Il poursuit une recherche artistique inspirée des processus de post-consommation, du phénomène des déchets et de leur gestion, des pratiques de recyclage de la matière usée.

Naît ainsi Marbre d’ici, qui reçoit en 2011 le prix COAL art et environnement. Le projet se développe dans le cadre de la démarche HQAC (Haute Qualité Artistique et Culturelle) avec Raum architectes, et en partenariat avec le Cerib (Centre d’Études et de Recherches de l’Industrie du Béton). Cette démarche propose une nouvelle approche plastique des villes en transformation, qui explore les relations entre l’art et l’urbanisme Si cette démarche fait référence à la HQE, elle refuse la norme pour ne retenir que la démarche qualité et offrir un cadre identifiable aux différents usagers et acteurs de la ville en transformation.

La Ville d’Ivry-sur-Seine, face aux immenses chantiers en devenir, environ un quart de son territoire en transformation sur une durée d’environ 15/20 ans, cherchant de nouveaux modes opératoires pour intégrer l’art à la fabrique de la ville, se rapproche naturellement de l’artiste.

C’est ainsi qu’est lancé en 2007 sous la direction de Stefan Shankland, en partenariat avec GRAND PARIS AMÉNAGEMENT, le projet TRANS305, un programme ?d’accompagnement artistique et culturel des mutations urbaines du quartier de la ZAC du Plateau à Ivry-sur-Seine.

La création d’une matière produite localement à partir de déchets du BTP recyclés

Marbre d’ici est une nouvelle matière produite localement à partir des gravats provenant des démolitions d’immeubles.. Concassés, mélangés à du ciment et de l’eau, puis coulés en strates, les déchets du BTP sont recyclés et deviennent un matériau noble à intégrer aux projets architecturaux et urbains, une nouvelle ressource pour la création contemporaine, le design, la construction et l’aménagement d’espaces publics. Par un travail plastique, social et symbolique, Marbre d’ici transforme les décombres de la ville en artefacts à haute valeur ajoutée.

Pour réaliser ce projet, Stefan Shankland s’est rapproché de partenaires potentiels, notamment de la FIB (Fédération de l’Industrie du Béton) puis du Cerib (Centre d’Études et de Recherches de l’Industrie du Béton), pour lui apporter une contribution technique. L’équipe de la Division Matériaux et Technologie du Béton du Cerib est intervenue, notamment, lors de la réalisation du Marbre d’ici au Château de Chamarande (91) en apportant des conseils pour la formulation des matériaux et leur mise en œuvre.

Son travail a consisté à identifier les constituants les plus appropriés (liants, adjuvants, granulats…), puis à déterminer par une série d’essais itératifs les meilleures proportions entre eux. Le travail collaboratif avec l’artiste a conduit au développement d’une structure composée de deux bétons posés l’un sur l’autre et d’un treillis constitué de fibre de verre.

Un béton de masse se déformant peu est utilisé en sous-couche. Le treillis est ensuite posé sur le béton frais. Vient ensuite le béton de finition dont la fluidité est beaucoup plus élevée ; ce qui permet d’obtenir des lignes et des courbes fluides et harmonieuses à la surface.

L’ensemble forme une structure suffisamment résistante en flexion pour ne pas se fissurer sous l’effet du poids des visiteurs, ni conduire à l’apparition de fissures du fait des variations dimensionnelles naturelles des matériaux.

Une sculpture monumentale issue du processus de démolition des immeubles du quartier

Sur la place du Général de Gaulle, dans le quartier de la ZAC du Plateau à Ivry-sur-Seine, Marbre d’ici, prend aujourd’hui la forme d’une grande dalle en béton de 260 m 2 pour créer un nouvel espace public. Cette sculpture utilise plus de dix tonnes de briques, pierres calcaires et autres gravats provenant de la démolition des immeubles et entrepôts du quartier. Concassés et réduits en poudre, ces gravats sont intégrés à la composition d’un nouveau béton utilisé pour réaliser le sol de la place.

L’artiste fait ainsi d’un chantier urbain, le plus souvent synonyme de nuisances, un moment de création où il convie tous les acteurs de la ville et les riverains à œuvrer ensemble pour une nouvelle culture locale. Son idée a germé et essaime déjà dans d’autres villes. Quand on sait que les travaux du Grand Paris devraient durer au moins 30 ans, l’artiste et ses partenaires ont devant eux un vaste champ d’expression.

La production de l’œuvre Marbre d’ici à usage de sol, ainsi que son protocole d’entretien et de restauration, sont le fruit de la collaboration étroite entre l’artiste Stefan Shankland, Raum architectes, Urbicus paysagistes, le bureau d’études BATT, le Cerib, GRAND PARIS AMÉNAGEMENT , le promoteur BNP Paribas Immobilier, les entreprises présentes sur les chantiers de la ZAC du Plateau : Perez et Morelli (démolition), Fayolle, Minéral Service (terrassement), et les services de la Ville d’Ivry-sur-Seine

http://marbredici.org/

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