Menée à l’été 2019 par Locster, filiale française du groupe européen Viasat, cette étude permet de comparer les sensibilités nationales de 10 pays (Allemagne, Angleterre, Belgique, Bulgarie, Espagne, France, Italie, Pologne, Portugal et Roumanie, soit plus de 80% du marché européen) concernant les solutions de gestion de flottes qui gèrent des données sensibles. Son objectif est de classer ces pays en fonction de leur environnement plus ou moins favorable à la gestion de flottes de véhicules par géolocalisation alors que le RGPD pourrait laisser penser que les différences ont été gommées.
Quatre questions permettent de faire un état des lieux, en termes de taux de monte des véhicules professionnels, des secteurs ayant le plus recours à ces technologies, des catégories de véhicules concernées et enfin des motivations de recours à la géolocalisation.
Cette étude permet de constater un taux de monte encore faible avec une moyenne européenne d’environ 15%, la France se situant dans cette moyenne, le Benelux et l’Angleterre la dépassant largement avec un taux de 26%. Un marché à fort potentiel, car la baisse des prix et la simplification de la technologie devraient entrainer une augmentation sensible du taux d’équipement dans les années qui viennent en Europe.
L’installation technique et la maintenance, le transport routier longue distance, le BTP et la location de véhicules se détachent nettement. La France se caractérise par le poids très important du BTP et de l’installation technique et maintenance (métiers d’installation, de réparation et de contrôle), le transport routier y est moins représenté à l’inverse des pays de l’est et du sud.
De très loin, les véhicules les plus équipés - les moins de 3,5 tonnes - occupent les premières places de casiment tous les pays d’Europe sauf pour le Portugal et la Pologne où le transport routier est proportionnellement très développé. Viennent ensuite la catégorie des poids lourds et des engins BTP.
Business et productivité, contrôle et réduction des coûts et lutte contre le vol sont les motivations de recours à la géolocalisation, avec une forte prégnance du critère Busines et Productivité à hauteur de 55%. Celui-ci combine suivi du temps de travail, envoi de la mission, suivi marchandise, preuve de livraison…Les entreprises françaises se positionnent clairement sur les deux premières catégories.
Sept questions autour des autorisations, du contrôle du respect de la vitesse, de l’utilisation du système pour sanctionner en cas de non-respect du code de la route, amendes routières, durée de détention des données, déconnexion en dehors des heures de travail, et rôle des représentants du personnel.
Règles d’installation d’un système de géolocalisation dans les véhicules des salariés disposant d’une autonomie dans la gestion de leur temps de travail
La géolocalisation de salariés au forfait jour ou des cadres dirigeants est parfaitement valable dans neuf des pays interrogés, seule l’Italie ne le permet pas.
Parmi les pays étudiés, seule la France n’autorise pas les entreprises à contrôler le respect de celles-ci. Cette interdiction démontre la sensibilité française par rapport au contrôle de la vitesse, alors même que les décès sur route sont la première cause de mortalité au travail en France. Seule la vitesse des poids lourds peut-être suivie en raison de la réglementation européenne du chronotachygraphe.
Ce point est très variable d’un pays à l’autre, 40% des pays peuvent sanctionner sur cette base alors que 60% ne le peuvent pas, la France fait partie de cette seconde catégorie.
Oui, depuis l’évolution législative française du 1er janvier 2017, c’est l’unanimité en Europe sur ce point.
S’il est un point sur lequel le RGPD aurait dû permettre une convergence, c’est bien sur la question de la durée de conservation des données issues d’un dispositif de géolocalisation. En effet avec le RGPD, la durée retenue devrait être une durée « pertinente » eu égard à l’objectif visé.
Ce principe est loin d’être respecté par tous les pays d’Europe, seuls trois d’entre eux l’ont érigé en règle formelle. Il existe de très grandes différences entre les pays : en Bulgarie la durée de détention est illimitée, à l’autre extrême en France, la durée est de 2 mois (règle CNIL) ; une exception cependant au sujet de la preuve de service pouvant permettre une durée de 1 an.
Concernant la déconnexion en dehors des heures de travail (pauses repas, jours non travaillés, parmi les pays étudiés seuls les travailleurs polonais et roumains ne disposent pas de ce droit. La France l’accorde depuis 2016 sauf exceptions. Une déconnexion abusive, non justifiée peut être sanctionnée par l’employeur.
Le principe général qui prévaut dans 8 pays sur 10 est de consulter les représentants des salariés avant toute mise en œuvre. A l’exception de l’Italie et de la Roumanie, cette consultation ne peut aboutir à un véto.
En tenant compte des éléments de l’enquête, il est possible de classer les pays en 3 catégories :
Les pays à environnement restrictif, France, Portugal, Italie,
Les pays à environnement favorable, Allemagne, Pologne, Angleterre et Bulgarie,
Les pays intermédiaires, Espagne, Belgique et Roumanie.
Cette grande variété montre que le RGPD, à l’issue de sa première année d’application n’a pas permis de convergence concernant le traitement de ces données sensibles, les cultures nationales étant encore très prédominantes.