Pas un jour ne passe sans nouvelles révélations ou critiques visant le DPE, renforçant la nécessité de le compléter et de le rendre plus fiable. Après la mise en cause de la compétence des diagnostiqueurs (7 DPE sur 10 erronés), des milliers voire des millions de logements classés passoires thermiques à tort, c’est maintenant une « fraude » massive estimée à près de 20 milliards d’euros qui est dénoncée. Ces chiffres soulignent l’urgence d’améliorer le système pour restaurer la confiance et garantir des évaluations plus précises. Les diagnostiqueurs, souvent privés d’informations complètes et précises, sont parfois contraints de remplir des données par défaut, ce qui nuit à la précision des diagnostics.
Le DPE est critiqué pour plusieurs raisons majeures liées aux données qu’il utilise. Tout d’abord, la qualité des données collectées est souvent insuffisante ou imprécise, les diagnostiqueurs devant renseigner de nombreuses informations parfois indisponibles ou approximatives. Cela conduit à des résultats incohérents et à une fiabilité variable des diagnostics. Par ailleurs, les méthodes de calcul standardisées ne reflètent pas toujours la réalité des usages, comme les comportements des occupants ou les particularités des bâtiments. Enfin, les DPE de complaisance, où des informations sont délibérément faussées, accentuent la défiance envers cet outil pourtant crucial pour la transition énergétique.
Plusieurs leviers pour maximiser l’impact du DPE :
L’ouverture des données des DPE en Open Data sont un premier pas mais il faut aller plus loin. Associée à l’intégration des informations issues du Carnet d’Information du Logement (CIL), permettrait de préremplir automatiquement une grande partie des données nécessaires au diagnostic. En utilisant ces bases de données fiables et mises à jour, les diagnostiqueurs gagneraient un temps précieux, jusqu’à la moitié de leur temps de traitement, selon nos estimations. Ce gain de temps leur permettrait de se concentrer sur la vérification et le contrôle des informations d’entrée plutôt que sur la collecte manuelle de données. Cela améliorerait la qualité des diagnostics tout en réduisant les risques d’erreurs humaines et en augmentant l’efficacité du processus.
L’ouverture des données du DPE et l’intégration des informations du CIL peuvent servir de catalyseur pour l’innovation. En enrichissant ces données avec des solutions technologiques, les acteurs privés pourraient développer des outils adaptés, tels que des plateformes de contrôle en temps réel, des simulateurs énergétiques, ou des algorithmes pour la formation continue des diagnostiqueurs. Cela permettrait de renforcer l’écosystème en impliquant davantage les acteurs privés et en garantissant un meilleur contrôle de la qualité des diagnostics.
L’intelligence artificielle (IA) offre des perspectives prometteuses pour améliorer la précision et la rapidité des diagnostics. En utilisant des algorithmes de traitement des données issus de fichiers, d’API ou du web, il serait possible d’automatiser une grande partie des tâches répétitives et d’identifier des incohérences dans les données en temps réel. Ces solutions permettraient également de fournir des analyses prédictives, en simulant par exemple les impacts de différentes rénovations énergétiques sur les performances du logement. Intégrer l’IA dans le processus renforcerait non seulement la fiabilité des DPE, mais offrirait aussi des outils personnalisés pour accompagner les particuliers et les professionnels dans leurs décisions.
Le secteur des diagnostics énergétiques est souvent marqué par une spirale de prix bas, parfois au détriment de la qualité. Pour redonner de la crédibilité au DPE, il est essentiel de valoriser les professionnels compétents. Cela pourrait se faire par l’introduction de critères de qualité comme la précision des diagnostics, la formation continue ou encore les retours clients. Ces actions renforceront la fiabilité des évaluations et permettront aux diagnostiqueurs de disposer d’un cadre plus rigoureux et valorisant.
De plus, il serait pertinent d’inciter beaucoup plus les particuliers à préremplir certaines des informations nécessaires au DPE, en se basant sur les données déjà disponibles dans le CIL. Cela pourrait être facilité par une interface simple, avec l’envoi préalables de documents et photos, leur permettant de contribuer activement et de rendre les diagnostics encore plus précis et complets. En responsabilisant les particuliers, on pourrait non seulement améliorer la qualité des diagnostics, mais également renforcer leur implication dans la transition énergétique.
En intégrant des outils comme le CIL, qui permet de fournir des données historiques et techniques fiables, nous renforçons l’efficacité du DPE. Cela permet d’améliorer la prise de décision dans les projets de rénovation énergétique et offre aux propriétaires, locataires et acheteurs des informations plus transparentes et fiables. Un DPE bien alimenté par des données précises contribue à restaurer la confiance et à faciliter la transition énergétique.
Le statu quo freine la rénovation énergétique et nourrit les doutes des citoyens. En ouvrant les données, en valorisant les diagnostiqueurs compétents et en intégrant des outils comme le CIL, nous pouvons transformer le DPE en un levier stratégique pour atteindre nos objectifs climatiques.