Le transport de marchandises est dans une situation ambivalente : il lui faut assurer l’approvisionnement du pays en produits de première nécessité en dépit de nombreuses difficultés, tout en subissant lui-même la mise à l’arrêt d’une partie de l’économie. Avec la fermeture des commerces non-essentiels et d’un nombre important d’industries, les prestataires de transport interrogés rapportent sans grande surprise un effondrement des volumes transportés. Ils sont ainsi 61% à avoir constaté une baisse de plus de 20%. Le segment de la température dirigée, davantage concerné par l’alimentaire et la santé-pharmacie, s’en sort logiquement un peu mieux.
Dans un contexte sanitaire préoccupant se pose naturellement la question de la disponibilité des salariés, qui doivent pouvoir exercer leur métier en toute sécurité. Le droit de retrait des chauffeurs routiers et des personnels en entrepôt est notamment présent dans tous les esprits. Les transporteurs font état, à une courte majorité, d’une disponibilité normale de leurs salariés mais, au sein de cette majorité, ils sont nombreux à exprimer des inquiétudes pour les prochaines semaines. Les répondants sont ainsi 52% à rapporter une situation normale pour leurs chauffeurs la majeure partie d’entre eux demeurant inquiets à court-terme et 48% à avoir déjà fait le constat d’une disponibilité réduite. Cette dernière doit toutefois être nuancée au vu de la faiblesse des volumes à transporter.
Les mesures adoptées par le gouvernement pour contenir l’épidémie (application du confinement, fermeture des frontières…) ont un impact sur la bonne tenue des opérations. A titre d’exemple, les acteurs du routier domestique sont 57% à rapporter des opérations « fortement perturbées » et 30% « modérément perturbées ».
Face à cette situation, comment réagissent les prestataires de transport ?
La première réponse, bien sûr, est d’ordre sanitaire. 84% des répondants déclarent avoir doté leurs salariés de matériels et produits de protection (gants, gel hydroalcoolique, masques…).
En outre, face à la baisse des volumes constatée, ils sont 58% à avoir eu recours à des mesures de chômage partiel pour leurs chauffeurs, et 29% l’envisagent à court-terme montrant ainsi l’absence de pénurie de main d’œuvre. Les manutentionnaires, exploitants et personnels administratifs sont également concernés, dans des proportions légèrement moindres. Enfin 33% des répondants ont déjà suspendu une partie voire la totalité de leur activité.
D’un point de vue opérationnel, d’autres mesures sont adoptées. Dans un contexte où les transporteurs peinent à équilibrer leur flux à remplir leurs véhicules à l’aller comme au retour il n’est pas surprenant de les voir à 78% modifier leur plan de transport. Concrètement, cela passe par l’arrêt de certaines liaisons et la priorisation d’autres, plus susceptibles de garantir un chargement dans les deux sens. Enfin 34% des répondants ont procédé à des modifications de la tarification auprès de leurs clients afin de tenir compte des contraintes opérationnelles supplémentaires et des trajets effectués en dépit d’un taux de remplissage faible. 26% des sondés indiquent également envisager cette option à court terme.
Les prestataires les plus optimistes sont très minoritaires : ils ne sont que 7% à estimer que les conséquences de la crise sanitaire actuelle vont se prolonger seulement quelques semaines. Ils sont 38% à parler d’un à deux mois, et 29% à juger que l’impact de cette crise va se faire sentir plus de deux mois. Enfin, 26% d’entre eux considèrent qu’il est tout simplement trop tôt pour se prononcer.