Dernièrement, nous avons vu qu’elle devait également savoir s’adapter rapidement à une actualité d’urgence : se mettre à fabriquer des masques en temps de pandémie, des armes ou des moyens de défense en temps de conflit.
La souplesse est devenue un atout, elle permet de s’adapter rapidement à la demande et de rester compétitif en toute circonstance. L’innovation n’est pas un gadget, elle est indispensable pour rester concurrentiel.
Pour ce faire, l’usine est devenue connectée.
Le numérique a envahi tous les secteurs et l’industrie n’est pas en reste. Les technologies de l’information et de la communication (TIC) ont intégré la chaine de production, afin de réduire les coûts de production, les temps de fabrication, et d’offrir une visibilité totale sur l’ensemble de la chaine d’approvisionnement.
Les usines ne sont plus isolées, elles communiquent avec leurs fournisseurs, les transporteurs et leurs clients.
En Europe, 66% des usines utilisent au moins une technologie moderne telle que l’internet des objets (IoT), l’intelligence artificielle (IA) et le Big Data, entre autres. En y regardant de plus près le contraste est frappant suivant la taille de l’entreprise. Seules 30% des entreprises de moins de 10 salariés sont passées au digital contre 79% des entreprises de plus de 250 salariés.
Cependant, la technologie a le vent en poupe et devrait se généraliser, 33% des entreprises prévoyant d’implémenter des solutions de réalité virtuelle ou augmentée dans les prochaines années. 64% veulent notamment s’équiper de capteurs et 22% de robotique. Il faut savoir que l’Europe est déjà bien équipée, comptant la plus grande densité de robots par rapport au nombre d’employés avec 225 robots pour 10 000 employés en Europe de l’Ouest et 204 robots pour 10 000 employés en Europe du Nord.
Parmi toutes les innovations, dans les transactions avec le e-commerce et la block chain, dans l’information avec le machine learning, le cloud computing et l’analyse big data, celle de la quatrième révolution industrielle a toute sa place avec l’IOT (Opérational Technology) et plus particulièrement l’IoT.
L’IoT utilise les TIC pour faire communiquer en réseau des objets physiques et virtuels. L’usine intelligente automatise un maximum de tâches entre la commande et la livraison, ce qui a pour résultat d’augmenter l’efficacité et de réduire les erreurs.
A l’échelle de la planète, l’industrie a investit 128,9 milliards de dollars US dans l’IoT en 2020. Et les dépenses devraient augmenter, les prévisions étant de l’ordre de 411,9 milliards de dollars US d’ici 2025, soit trois fois plus.
Avec plus de deux millions d’entreprises manufacturières et près de 30 millions d’employés, l’industrie est un élément central de l’économie européenne. Elle est diversifiée et jouit d’une bonne réputation sur la scène internationale. En 2019, les produits manufacturés de l’Union Européenne représentaient 22% de la consommation mondiale.
Cependant, c’est très peu au regard de ce que produit l’Asie et qui représente 52% de la consommation mondiale. Chaque seconde, un produit sort de ses usines. L’Inde, la Corée du Sud et le Japon sont de grands pays producteurs mais celui qui les surpasse tous est la Chine, en tête de la production mondiale depuis 2010. Avec 28,37% de la production mondiale à elle seule, elle surpasse de 10% le premier producteur historique, à savoir les Etats-Unis. La Chine serait leader mondial dans 40% des 500 principaux produits manufacturés.
La Chine et l’Asie sont des marchés à fort potentiel pour les industriels européens qui comptent sur l’innovation technologique pour faire la différence.
En Europe, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la France, l’Italie, l’Espagne et les Pays-Bas sont les plus gros utilisateurs d’IoT. Les p ays d’Europe de l’Est et les pays nordiques leur emboîtent le pas et se renforcent technologiquement. En 2019, l’investissement de l’Europe dans l’IoT était de 17,8 milliards d’euros.
Chaque année, la part de budget dédiée à l’IoT est de plus en plus grande chez les industriels européens en raison de l’évolution des technologies et du nombre croissant de solutions et d’applications.
En Asie, l’IoT et le cloud computing sont bien moins utilisés dans les usines qu’en Europe ou en Amérique, mais de nombreuses initiatives gouvernementales visent à y palier.
L’énorme capacité de production de la Chine reflète l’importance du pays dans l’économie mondiale. Ce pays riche de ses traditions, encore très agricole il y a quelques décennies, s’est très vite développé, passant rapidement du stade de pays émergeant à celui d’état industriel. En tout juste quarante ans, la Chine a réussi à multiplier son produit intérieur brut (PIB) par 225.
Et ce n’est pas fini. Ses objectifs à l’horizon 2025 visent à moderniser cette industrie et à la rendre plus résiliente, notamment par :
Un plan qui suit 5 principes : innovation, qualité, attention à l’environnement, optimisation organisationnelle, développement des talents. Il inclut la mise en place de centres de recherche, d’innovation et de développement, de pôle innovants high-tech dans les secteurs clés, l’industrie intelligente, une production responsable et écologique et le renforcement des bases industrielles, dans le but d’assurer une autosuffisance généralisée en matériaux et composants essentiels dans les secteurs clés.
Des efforts d’innovation, d’efficacité et de qualité dans l’industrie en résolvant les problèmes existants tels que le faible niveau de qualité de la production ou la pollution causée.
Une augmentation des capacités d’approvisionnement
Le renforcement de la vitalité et de la productivité des usines en modernisant leurs systèmes et mécanismes
Une meilleure allocation des ressources par le gouvernement
L’extension de l’ouverture à la coopération internationale et la contribution à la transformation digitale de l’industrie
Le plan « Made in China 2025 » s’inspire de la stratégie Industrie 4.0 du gouvernement allemand, même s’il va bien au-delà de cette phase technologique et prévoit une restructuration complète de l’industrie en Chine.
D’autres pays de la zone Asie-Pacifique ont mis en place des plans similaires comme l’Inde avec son plan « Make in India » (MII) dont l’ambition est de transformer la structure de l’économie indienne en développant son industrie, le Japon avec son « Industrial Value-Chain Initiative », comité composé de personnalités académiques et industrielles dont la mission est de promouvoir l’usine intelligente pour une industrie connectée, la Corée du Sud avec son plan « Manufacturing Innovation 3.0 », Singapour avec son « Smart Nation Programme », la Thaïlande avec « Thailand 4.0 » et la Malaisie avec « National Industry 4.0 Policy ».
La volonté est là, qu’en est-il des compétences ? Dévalorisé en Asie, le travail en usine n’attire pas les gens qualifiés. C’est alors que les industriels européens peuvent se montrer concurrentiels : ils ont une avance technologique qui intéresse le marché. L’Europe peut apporter son expertise technologique sur un marché asiatique à fort potentiel qui cherche à moderniser son industrie, à la rendre plus innovante, de qualité, respectueuse de l’environnement et optimisée.