« La France a longtemps pensé qu’elle pouvait se désindustrialiser en continuant à être une grande nation d’innovation et de production. Je crois que maintenant il est établi que c’est faux » déclarait Emmanuel Macron lors de son discours à France 2030 il y a un peu moins d’un an.
Les faits sont têtus et les chiffres mentent rarement. Depuis 1970, la part de l’industrie manufacturière par exemple, a été divisé par 2, passant 22,3 % à 11,2 %, soit deux fois moins que l’industrie allemande qui pèse aujourd’hui plus de 20 % de son PIB. La France peut cependant compter sur ses TPE et PME qui représentent plus de 99% des entreprises présentes sur le territoire, mais également sur ses ETI qui assurent plus d’un tiers des exportations nationales. Seul bémol, les entreprises de taille intermédiaire sont trop peu nombreuses, comparativement à nos voisins européens[4]. Nous avons donc une industrie qui a perdu de sa superbe ajouté à une trop grande proportion de TPE/PME, deux problématiques auxquelles tente de répondre l’État français avec son plan de 30 milliards d’euros sur les cinq prochaines années.
Pour beaucoup la robotique était synonyme de perte d’emplois mais les craintes soulevées par une usine ou industrie intégralement robotisée n’a pas résisté aux nouvelles exigences clients, qui demandent toujours plus de personnalisation. L’avenir est désormais à la complémentarité entre l’homme et le robot collaboratif. Dans ce cas bien précis, les cobots[5] ne sont aucunement une menace pour l’emploi mais plutôt l’assurance vie de ce dernier, en mêlant productivité accrue au savoir-faire humain.
Cette perspective a de quoi donner envie, mais y arriver à court ou moyen terme, il faudra, non seulement être efficace d’un point de vue législatif, mais avant tout régler les problèmes actuels de l’industrie 4.0. L’un des plus gros défis étant de ne pas perdre de vue le principal objectif qui est de fournir et de mettre à disposition des industriels, des solutions adéquates et à valeurs ajoutées pour les accompagner dans leur mutation.
Et qui dit révolution industrielle, implique également un changement de paradigme dans la façon de penser l’industrie. Un changement, qui, combiné à l’émergence d’un nouveau modèle de production oblige les industries à s’adapter aux évolutions du monde, et pas seulement au moment même de leur révolution. En d’autres termes, il serait dommageable d’entamer à marche forcée cette 5e révolution industrielle alors que les enjeux de la précédente n’ont pas encore été relevés. En effet, elle n’aura de sens que si notre révolution industrielle actuelle est réussie, les deux étant intrinsèquement liées.
On connaît désormais l’importance d’une approche durable et circulaire et la nécessité pour les entreprises d’être en constante évolution. Et tandis que l’industrie 4.0 n’a pas encore livré la quintessence de son nectar, l’industrie 5.0 sonne déjà à nos portes. Certes, l’industrie de demain, se construit et s’invente dès maintenant, mais il faut, pour avancer, une feuille de route claire et précise et surtout avec des objectifs communs. Et si l’une vise à remplacer l’autre, le processus est loin d’être instantané et prend donc du temps. Un temps pendant lequel les deux entités s’entremêlent pour, en l’occurrence, former un ensemble à la limite de l’abscons.
En effet, il n’existe à l’heure actuelle, aucun consensus ou définition exacte de l’industrie 5.0. Synonyme de durabilité et de résilience pour la Commission Européenne, Gartner, dans son rapport de 2021[6], parle plutôt d’hyper automation, d’autonomie des objets connectés et de symbiose entre l’homme et la machine. Compliqué d’avancer dans ce brouillard ambiant. Dans cette course à l’innovation, il est important de prendre le temps. Le temps de la réflexion, de l’identification des objectifs et de surtout bien consolider les bases et les préceptes de l’industrie 4.0 tout en préparant sereinement la prochaine.