Les dernières analyses de la Nasa indiquent que le climat de la planète est en train de changer de manière significative en raison de l’activité humaine. En cause notamment, l’extraction et l’utilisation de matériaux ainsi que la création de déchets qui en découle : plus de 50 millions de tonnes de déchets électroniques sont produits chaque année dans le monde, et 80 % d’entre eux finissent dans des décharges.
Il est urgent de réduire le réchauffement de la planète et l’une des solutions avancées pour cela réside dans la circularité des ressources et matières premières mais aussi au niveau des produits, qui doivent être fabriqués de manière "circulaire". Cela signifie que l’on se concentre davantage sur l’efficacité des ressources, la fermeture des boucles et la réduction des déchets. D’ailleurs, de plus en plus de gouvernements mettent en œuvre des politiques pour encourager la circularité. En 2020, la Commission européenne a adopté un plan d’action pour l’économie circulaire qui doit permettre au continent de devenir neutre en carbone d’ici 2050. Rappelons que lorsqu’il a été annoncé, seuls 12 % des matériaux et ressources étaient réintégrés dans l’économie. En France, la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (« loi AGEC ») de février 2020 fixe le cap de la fin de la mise sur le marché des emballages plastiques à usage unique d’ici 2040, à l’heure où 2,4 millions de tonnes d’emballages en plastique sont diffusés chaque année.
En substance, c’est tout le contraire du modèle linéaire "extraire-fabriquer-consommer-jeter", qui a conduit pendant de nombreuses années à la fabrication de produits à usage unique et jetables. L’économie circulaire repose sur deux principes : la préservation des ressources et de l’environnement d’une part, et la limitation de la consommation, la réduction des déchets et du gaspillage d’autre part.
Dans l’optique d’un objectif d’émissions nettes nulles et d’un avenir plus vert pour la planète, l’économie circulaire oriente la production et la consommation vers un modèle de réparation et de réutilisation, où les produits et les matériaux sont remanufacturés et recyclés. Tout cela dans le but d’allonger leur cycle de vie et de réduire la production de déchets.
Industriels et fabricants doivent s’écarter considérablement du statu quo actuel pour appliquer les principes de l’économie circulaire, qui se composent de 5 étapes clés :
1. Mettre en place un approvisionnement durable des matières premières ;
2. Réinventer l’étape de la conception : réduire la teneur en matériaux d’un produit ou rendre les articles plus faciles à démonter et à réutiliser les aidera à rester en circuit dans le système aussi longtemps que possible.
3. Supprimer les modèles commerciaux non pérennes et adopter des technologies innovantes, telles que l’IoT ou l’impression 3D pour maximiser leur durabilité.
4. Intégrer des voies de réutilisation pour prolonger la durée de vie des produits à la fin de leur "première vie". En les réaffectant ou en permettant d’autres utilisations ultérieures, le produit peut être réintroduit dans la chaîne d’approvisionnement.
5. Envisager une nouvelle étape dans le cycle de vie des produits : la collecte et la réutilisation ce n’est plus seulement la responsabilité du consommateur et les fabricants doivent eux aussi introduire un moyen de gérer le retour des matériaux dans le processus de fabrication.
Il va sans dire que la transformation des opérations de fabrication des produits est un défi important. Cela implique des changements substantiels, et les coûts peuvent être élevés en particulier lorsqu’il s’agit d’adapter les pratiques de la chaîne d’approvisionnement et de trouver un équilibre entre durabilité et chiffre d’affaires, en particulier si on le fait seul. Dans cette optique, l’année dernière, des géants de l’informatique dont Cisco, Dell, Google et Microsoft, ont fondé le Partenariat mondial pour l’électronique circulaire (CEP). Cette alliance maximise la valeur des composants, des produits et des matériaux tout au long de leur cycle de vie, avec pour objectif de permettre une économie circulaire pour le secteur de l’électronique d’ici 2030 6 .
Investir dans une économie circulaire exige de donner la priorité aux objectifs à long terme. En surmontant les obstacles liés aux règlementations et aux coûts et en révisant profondément l’ensemble du cycle de vie de fabrication des produits, l’industrie manufacturière peut ouvrir la voie vers un avenir plus innovant et plus durable, adapté à une future économie à faible émission de carbone et à faible production de déchets.