Le New England Journal of Medicine a publié les résultats d’un essai positif de phase III montrant que, chez les adultes et adolescents, un traitement par Dupixent® (dupilumab) 300 mg, une fois par semaine, a permis d’observer des améliorations significatives des signes et symptômes de l’œsophagite à éosinophiles, qui se sont maintenues pendant près d’un an.
L’œsophagite à éosinophiles est une maladie inflammatoire chronique évolutive qui altère l’œsophage et son fonctionnement. Ces données ont motivé l’approbation de Dupixent par la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis en mai 2022, faisant de ce médicament le premier et le seul qui soit indiqué pour le traitement de l’œsophagite à éosinophiles chez les patients de 12 ans et plus pesant au moins 40 kg. Ces données de phase III ont été soumises à l’Agence européenne des médicaments (EMA) en vue de son approbation réglementaire chez l’adulte et l’enfant atteints d’œsophagite à éosinophiles. Le Comité des médicaments à usage humain (CHMP, Committee for Medicinal Products for Human Use) a récemment rendu un avis favorable à ce sujet et recommandé son approbation dans cette indication. Une décision finale est attendue dans les prochains mois.
Dr Evan S. Dellon, M.P.H., Professeur de gastroentérologie et d’hépatologie, Faculté de médecine de l’Université de Caroline du Nord : « La publication de ces résultats de phase III dans le New England Journal of Medicine conforte l’impact des données des essais cliniques. Celles-ci ont montré que le dupilumab 300 mg, une fois par semaine, a sensiblement atténué les difficultés à avaler des patients et a permis d’observer une rémission histologique de la maladie et des améliorations de l’aspect de l’œsophage à l’endoscopie, comparativement au placebo. Ces données soulignent également le rôle que joue l’inhibition des voies IL-4 et Il-13 dans l’œsophagite à éosinophiles et, partant, le dupilumab ce qui vient enrichir le corpus croissant de connaissances sur cette maladie encore méconnue. »
Comme l’indiquent les données publiées, les patients inclus dans l’essai de phase III ont reçu Dupixent 300 mg, soit une fois par semaine, soit une fois toutes les deux semaines. La déglutition des patients traités par Dupixent une fois par semaine s’est améliorée et ceux-ci ont présenté une rémission histologique de la maladie. Ces patients ont aussi présenté des améliorations anatomiques, cellulaires et moléculaires et leurs scores de qualité de vie en lien avec la santé se sont également améliorés. L’amélioration des signes et symptômes de l’œsophagite à éosinophiles s’est maintenue pendant près d’un an. Une rémission histologique a été observée chez les patients traités par Dupixent une fois toutes les deux semaines, mais celle-ci ne s’est pas accompagnée d’une amélioration de la déglutition. La posologie actuellement approuvée par la FDA pour le traitement de l’œsophagite à éosinophiles des adultes et des adolescents de 12 ans et plus pesant au moins 40 kg est fixée à 300 mg une fois par semaine.
Les résultats de sécurité ont été généralement cohérents avec le profil de sécurité connu de Dupixent dans ses indications approuvées. Les événements indésirables (¡Ý5 %) les plus fréquemment observés comprenaient les réactions au point d’injection, les rhinopharyngites et les éruptions cutanées.
L’œsophagite à éosinophiles est une maladie inflammatoire chronique évolutive qui altère l’œsophage et son fonctionnement. Les résultats observés chez les adultes et adolescents présentant une œsophagite à éosinophiles traités par Dupixent ont montré que les interleukines 4 et 13 (IL-4 et IL-13) sont les principaux facteurs à l’origine de l’inflammation de type 2 sous-jacente à la maladie. L’œsophagite à éosinophiles peut parfois transformer le simple fait de manger, ne serait-ce qu’en petites quantités, en expérience douloureuse accompagnée de la crainte de s’étouffer. Les personnes qui en souffrent vivent dans l’anxiété et la frustration de devoir constamment modifier la liste des aliments déclencheurs à éviter. L’œsophagite à éosinophiles détériore souvent la qualité de vie et augmente le risque de dépression. Lorsque la maladie provoque un rétrécissement de l’œsophage, sa dilatation forcée, souvent douloureuse, peut se révéler nécessaire. Dans les cas les plus sévères, une sonde d’alimentation est la seule option permettant de garantir des apports caloriques suffisants et une nutrition adéquate. Sur les près de 209 000 patients âgés de 12 ans et plus atteints d’œsophagite à éosinophiles aux États-Unis actuellement traités par des médicaments non indiqués expressément pour cette maladie, environ 42 000 d’entre eux continuent de présenter des symptômes en dépit de multiples traitements.
L’essai de phase III, randomisé, en double aveugle, contrôlé par placebo, a évalué l’efficacité et la sécurité de Dupixent chez des patients âgés de 12 ans et plus atteints d’œsophagite à éosinophiles et comportait trois parties. La partie A, dans laquelle 81 patients ont été inclus, a évalué Dupixent 300 mg, une fois par semaine, pendant 24 semaines. La partie B, dans laquelle 240 patients ont été inclus, a évalué Dupixent 300 mg, une fois par semaine et une fois toutes les deux semaines pendant 24 semaines. Le plan des parties A et B étaient comparables et comportaient des groupes de patients distincts. Tous les patients des parties A et B avaient la possibilité de participer à la partie C et de recevoir Dupixent pendant 28 semaines supplémentaires, pour une durée maximale de 52 semaines. Soixante-dix-sept patients de la partie A ont été inclus dans la partie C.
Les résultats rapportés par les patients des parties A et B de l’essai, qui concernaient les difficultés à avaler et l’inflammation de l’œsophage (co-critères d’évaluation primaires), ont été évalués à 24 semaines. Les critères secondaires incluaient des évaluations histopathologiques de la sévérité et de l’étendue de signes histologiques supplémentaires dans l’œsophage, ainsi que d’autres mesures. Tous les critères d’évaluation primaires et secondaires évalués dans les parties A et B ont été évalués comme critères secondaires à 52 semaines dans la partie C.
Dupixent est un anticorps monoclonal entièrement humain qui inhibe la signalisation de l’interleukine 4 (IL-4) et de l’interleukine 13 (IL-13). Dupixent n’est pas un médicament immunosuppresseur. Le programme clinique de phase III consacré à Dupixent, qui a permis de démontrer un bénéfice clinique significatif et d’obtenir une diminution de l’inflammation de type 2, a établi que les interleukines 4 et 13 sont des facteurs clés de l’inflammation de type 2 qui joue un rôle majeur dans de multiples maladies connexes, souvent présentes simultanément. Ces maladies englobent les indications déjà approuvées de Dupixent comme la dermatite atopique, l’asthme et la polypose nasosinusienne, l’œsophagite à éosinophiles et le prurigo nodulaire.
Dupixent a été approuvé dans un ou plusieurs pays pour le traitement de la dermatite atopique, de l’asthme, de la polypose nasosinusienne, de l’œsophagite à éosinophiles ou du prurigo nodulaire de certaines catégories de patients d’âge différent. Dupixent est actuellement approuvé dans ces indications aux États-Unis et dans une ou plusieurs de ces indications dans plus de 60 pays, dont les pays de l’Union européenne et le Japon. Plus de de 500 000 patients dans le monde ont déjà été traités par ce médicament
Le dupilumab est développé conjointement par Sanofi et Regeneron dans le cadre d’un accord de collaboration global. À ce jour, il a été étudié chez plus de 10 000 patients dans le cadre de 60 essais cliniques consacrés au traitement de diverses maladies chroniques associées en partie à une inflammation de type 2.
En plus de ses indications déjà approuvées, Sanofi et Regeneron consacrent plusieurs essais de phase III au dupilumab et l’étudient dans le traitement de plusieurs maladies associées à une inflammation de type 2 ou à une signature allergique, comme l’œsophagite à éosinophiles du jeune enfant, la dermatite atopique des mains et des pieds, l’urticaire chronique au froid, l’urticaire chronique spontanée, le prurit chronique idiopathique, la bronchopneumopathie chronique obstructive avec signature inflammatoire de type 2, la rhinosinusite chronique sans polypose nasale, la rhinosinusite fongique allergique, l’aspergillose bronchopulmonaire allergique et la pemphigoïde bulleuse. Ces indications potentielles du dupilumab sont à l’étude ; aucun organisme de réglementation n’a encore pleinement évalué les profils de sécurité et d’efficacité du dupilumab dans ces indications.