La transition énergétique est, au delà d’une réalité, une vraie nécessité. Partis d’un constat partagé par tous, surtout en Europe, continent moteur dans le domaine, il faut changer notre façon de vivre et de consommer. Evoluant aujourd’hui dans une économie carbonée, économie dans laquelle nous utilisons principalement des ressources terrestres non renouvelables à notre échelle et en phase d’épuisement (ex. charbon, pétrole,…), nous devons nous inscrire dans une démarche de changement. Une démarche qui nous permettrait d’intégrer un mix énergétique composé principalement d’énergies renouvelables, nous permettant également de sortir de la dépendance du nucléaire pour le cas de la France. Mais comment entrer dans cette transition énergétique sans analyser et maîtriser sa propre consommation énergétique ? Premiers à être mis à contribution, l’industrie et le secteur tertiaire, qui représentent réciproquement 21% et 42% de la consommation énergétique, ouvriront la voie vers la généralisation de nouveaux comportements environnementaux qui finiront par être une normalité à court ou moyen terme.
Des lois françaises, issues de directives européennes, pour permettre aux entreprises de mettre un pied à l’étrier
Le Vieux Continent est très actif sur la problématique du changement climatique. En 2009, l’Europe s’inscrivait dans un plan stratégique en faveur du climat dont l’objectif « 3x20 » fixait aux états membres d’ici 2020, une réduction de 20% des émissions de gaz à effet de serre, 20% d’économie d’énergie par rapport aux consommations de 1990 et l’intégration de 20% d’énergie renouvelable dans le mix énergétique. Désireuse de montrer l’exemple au niveau mondial, l’Europe souhaite relever ses objectifs. En décembre 2014, les 28 se réuniront pour fixer 3 nouveaux objectifs qui vont guider la lutte contre le réchauffement climatique. Ils prévoient d’atteindre une réduction de 40% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, intégrer 27% d’énergie renouvelable dans le mix énergétique et réaliser 27% d’économie d’énergie.
Ces directives européennes doivent être appliquées par chaque pays membre à travers des lois nationales. Sur les problématiques liées au climat, la France se veut ambitieuse. Elle a déterminé comme objectifs pour 2020 la réduction de 14% des émissions de gaz à effet de serre, une diminution de 20% sur l’efficacité énergétique et l’intégration de 23% d’énergie renouvelable dans la consommation finale de l’énergie. Pour ce faire, le gouvernement français intensifie ses actions. Dernier grand chantier, la loi sur la transition énergétique qui a été discutée à la rentrée. Malgré les problèmes sociétaux et économiques que rencontre le pays, l’introduction de cette loi montre l’importance de la transition énergétique, et que le changement des mœurs doit s’opérer au plus vite.
Concernant les entreprises, la loi qui marquera le changement le plus rapidement sera la loi DDADUE. La loi DDADUE, votée en juillet 2013, est issue de la directive européenne de 2012 qui impose aux états membres l’obligation pour les entreprises de plus de 250 personnes ou possédant un chiffre d’affaires annuel excédant 50 millions d’euros ou un bilan total excédant 43 millions d’euros, de réaliser un audit énergétique normé. Ces entreprises seront exemptées de cet audit si elles mettent en place, d’ici le 5 décembre 2015, un système de management énergétique répondant à la norme ISO 50001. Identifiée comme un des leviers de la transition énergétique, la loi DDADUE implique de fait une contrainte financière importante en cas de non respect. Elle prévoit une pénalité de 2% du CA, et 4% si il y a récidive.
Loi DDADUE : audit énergétique ou management énergétique normé ISO 50001 ?
A-t-on vraiment le choix ?
L’ADN de loi DDADUE réside dans le fait d’amener les entreprises à gérer et à rationaliser leurs usages énergétiques, avec un changement de mentalité imposé par le climat. Ce changement de paradigme consiste à ne plus considérer l’énergie comme un fluide infini qu’on achète mais bien une ressource que l’on doit manager et optimiser. L’objectif étant de réduire notre empreinte énergétique, d’améliorer la compétitivité des d’entreprises et d’anticiper l’intégration des énergies renouvelables qui sont par nature intermittentes.
L’audit énergétique pourrait être un premier pas en soi, mais ce n’est qu’une simple photographie des consommations avec une liste d’économies potentielles. Même si à la suite de cet audit des actions sont réalisées, ces dernières ne se traduiront par un gain de compétitivité durable qu’à la condition d’être déployées dans un cadre organisé et méthodique. La loi ne peut imposer un type d’organisation à une entreprise, mais elle peut néanmoins exiger de suivre un livrable. L’idée de cette loi est donc bel et bien d’amener les entreprises dans cette démarche vertueuse du management énergétique. Les entreprises qui choisissent l’audit en verront rapidement les limites et se rendront compte des économies potentielles inexploitées qu’elles peuvent réaliser. Les entreprises devraient donc préférer in fine ne pas payer un audit tous les 4 ans au bénéfice du déploiement d’un système de management de l’énergie.
La Loi DDADUE permet d’améliorer la compétitivité des entreprises
La loi DDADUE est une opportunité immédiate pour lacompétitivité des entreprises. En utilisant l’énergie avec justesse, elles vont réaliser des économies durables qui changeront leur coût de revient, et ce particulièrement pour les industries. L’Agence Internationale de l’Energie a recensé que rationaliser l’utilisation de son énergie par la mise en place d’un Système de Management de l’Energie, permettait de gagner très rapidement entre 5 et 22% sur sa facture énergétique. Et cela, sans parler d’investissements liés à des équipements plus performants ou au bâti plus adapté.
L’énergie qui se raréfie devient de plus en plus chère (les dernières estimations évoquent une hausse structurelle de 4 à 5% par an). Contenir cette hausse de l’énergie et faire de la sobriété énergétique s’avèrent être une réelle chance pour les entreprises. Ce poste délaissé par les entreprises peut constituer une source d’économies importantes.
Outre l’image positive que cela véhicule, anticiper la transition énergétique est une nouvelle vision du business où la sobriété énergétique devient un levier de compétitivité. Il est aujourd’hui vital que l’énergie vienne au cœur de la stratégie des entreprises pour qu’elles puissent à la fois maîtriser le niveau de leurs coûts mais aussi éviter de subir descontraintes ultérieures. A titre d’exemple, en décembre 2015, la loi Nome mettra fin aux tarifs réglementés en France pour les entreprises ayant souscrit une puissance supérieure à 36 kVA. Avant cette date limite, les entreprisesconcernées devront revoir et renégocier leurs contrats, faire des appels d’offre. Ce nouveau marché de l’énergie va fortement pénaliser les entreprises qui ne connaissent ni leurs consommations ni leurs usages.
Conclusion
La transition énergétique est en route. Avec les impératifs dus au réchauffement climatique et la raréfaction des énergies fossiles, l’énergie en général devient plus que jamais une ressource stratégique pour faire fonctionner l’entreprise. Il serait insensé pour les entreprises de ne pas la prendre comme telle. Le management énergétique, qui permet de déterminer et de maitriser ses consommations, prend tout son senspour anticiper les prochaines tendances réglementaires et du marché. Il estdonc essentiel de s’inscrire rapidement dans cette démarche qui tôt ou tard sera généralisée à toutes les entreprises. Reste à chaque chef d’entreprise de choisir s’il préfère anticiper ou subir.